Moselle : Verso Energy au cœur du plus gros projet de décarbonation d’Europe

Un contrat historique lie la Sarre et la Moselle autour de l’hydrogène vert. Objectif : révolutionner l’acier et bâtir un nouveau pôle industriel.

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Le groupe sidérurgique allemand SHS vient de signer un contrat de dix ans avec l’énergéticien français Verso Energy pour la fourniture de 6.000 tonnes d’hydrogène vert par an à partir de 2029. Derrière cet accord, une ambition commune : décarboner la production d’acier en Sarre et faire émerger un nouveau pôle industriel autour de l’hydrogène à la frontière franco-allemande. Ce partenariat incarne une tentative concrète de réindustrialisation bas carbone et de rapprochement énergétique entre Paris et Berlin, sur fond de transition écologique.

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Pour une sidérurgie décarbonée

Vendredi, dans un ancien dépôt ferroviaire transformé en vitrine du renouveau industriel à Dillingen, SHS (Stahl-Holding-Saar) a officialisé son choix. Verso Energy fournira, pendant dix ans, l’hydrogène renouvelable destiné à alimenter les futurs fours à arc électriques du groupe. Exit le charbon, place à l’électrons. Pas de nucléaire non plus : une exigence côté allemand qui en dit long sur les divergences persistantes entre Berlin et Paris, même dans l’urgence climatique.

Mais au-delà des sensibilités énergétiques, c’est un alignement d’intérêts industriels qui se dessine. Car l’hydrogène sera produit à Carling, en Moselle, à deux pas de la frontière, sur un site voisin de l’ancienne raffinerie de Total. C’est là que Verso développe un électrolyseur de 100 MW, premier maillon d’un projet qui pourrait peser bien davantage à l’avenir. Investissement initial : 100 millions d’euros. Une goutte d’eau à l’échelle du plan Power4Steel, mais une brique stratégique dans le basculement de la sidérurgie sarroise vers un modèle bas carbone.

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Ce basculement n’a rien d’anecdotique. Avec 4,6 milliards d’euros sur la table, dont 2 milliards financés en fonds propres, SHS veut installer deux fours électriques capables de supplanter ses hauts-fourneaux. Résultat attendu : -55 % d’émissions de CO₂. Ambitieux ? Certainement. Mais surtout vital dans un secteur où le coût du carbone devient un paramètre de compétitivité.

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L’hydrogène français permettra, dans un premier temps, de produire 3,5 millions de tonnes d’acier bas carbone. Insuffisant à long terme : SHS vise 120.000 tonnes d’hydrogène par an d’ici la fin de la décennie. Autant dire que Verso Energy ne pourra pas rester seul sur la ligne de front. D’autres suivent déjà. Gazel Énergie, par exemple, prévoit 400 MW d’électrolyse sur le même site de Carling. Une effervescence industrielle qu’on n’avait plus vue dans la région depuis l’âge d’or de la pétrochimie.

Montée en puissance de la production hydrogène

Et pour transporter tout cela ? Là encore, les tuyaux suivent les idées. Le projet MosaHyc, piloté par Natran (ex-GRT Gaz), prévoit une boucle transfrontalière de 100 kilomètres pour relier les sites industriels entre Lorraine, Sarre et Luxembourg. Mise en service : 2029. L’année où l’hydrogène doit commencer à couler entre les deux pays. L’année aussi où la Sarre, seule, prévoit de consommer 120.000 tonnes de ce nouvel or gazeux.



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