Résumé Résumé
Concurrencée par les importations, freinée par les coûts de production, peu soutenue par l’Etat, la sidérurgie française se trouve à un tournant. Malgré les discours sur la réindustrialisation et la souveraineté, les capacités de production continuent de diminuer. L’histoire du site de Hagondange, en Moselle, en est une illustration nette.
Ce site emploie 450 personnes. Il dispose d’un four électrique, capable de produire de l’acier à partir de ferraille. C’est le seul du groupe Novasco à posséder cet outil. Ce type d’équipement devrait être un atout. Il est pourtant en passe d’être fermé.
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Absence de repreneur pour le four électrique de Hagondange
Depuis le placement en redressement judiciaire de Novasco, le 11 août, aucun des candidats à la reprise ne s’est positionné sur ce site. Les offres déposées à la date limite visent d’autres usines, plus récentes, plus rentables, plus faciles à intégrer dans un projet existant. Hagondange est ignoré.
Deux entreprises, Europlasma et Métal Blanc, ont remis des propositions concrètes. Aucune ne comprend Hagondange. Deux autres acteurs, ACI et Greybull Capital, ont adressé des lettres d’intention, sans plan clair, ni calendrier précis. Là encore, aucune mention de la Moselle.
Des promesses d’investissement non tenues par Greybull Capital
Ce désintérêt n’est pas un hasard. Il est le produit d’une équation défavorable : un marché européen saturé, des prix sous pression, une consommation d’acier qui ne retrouve pas son niveau d’avant-crise. À cela s’ajoutent des coûts énergétiques élevés, qui pénalisent particulièrement les fours électriques. Enfin, aucun client industriel — ni dans l’automobile, ni dans l’armement — ne s’est exprimé pour soutenir la reprise.
Le fonds Greybull Capital, propriétaire actuel, avait promis 90 millions d’euros d’investissement lors de la reprise de l’ex-Ascometal en 2024. Il n’en a versé qu’1,5. L’essentiel du financement a été fourni par l’État, à hauteur de 75 millions d’euros. Aucun plan industriel n’a été mis en œuvre. Le site n’a pas été préparé à une relance, ni même à une adaptation.
Un symbole du désengagement industriel français
Pourtant, Hagondange possède des caractéristiques rares dans la sidérurgie française. Son four permet de recycler des matières métalliques locales. Il pourrait s’inscrire dans une logique de production plus autonome et plus propre. Mais cette perspective n’a jamais été structurée, ni soutenue.
Le tribunal de commerce de Strasbourg doit rendre sa décision le 25 septembre. En l’état, aucune solution ne permet de maintenir l’activité à Hagondange. Les 450 salariés se dirigent vers une fermeture. Le site, lui, risque d’être démantelé, voire dépollué.