Qui est Chloé Malle, la patronne française de Vogue ?

Qui est Chloé Malle, nouvelle directrice éditoriale de Vogue US ? Portrait d’une femme discrète à l’ambition assumée.

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Le 13 août, Vogue US a annoncé la nomination de Chloé Malle au poste de directrice du contenu éditorial. C’est la première fois depuis quarante ans que le magazine de mode le plus prestigieux du monde change de direction. La décision vient directement d’Anna Wintour, qui conserve la supervision globale du groupe Condé Nast. Elle reste présente, mais délègue. Aucun renversement, plutôt un ajustement. Reste à comprendre pourquoi ce choix. Et qui est Chloé Malle.

Chloé Malle, enfants de stars

Née en 1985 à New York, elle est la fille de Candice Bergen, actrice américaine, et de Louis Malle, cinéaste français. Elle grandit entre plusieurs lieux : la côte Est, la côte Ouest et la France, notamment dans le Quercy. Formation bilingue, double culture, accès précoce aux livres. Elle étudie la littérature comparée à Brown University, avec un intérêt particulier pour les structures narratives et les esthétiques croisées. Elle envisage un temps une carrière dans la santé publique, avant de se tourner vers le journalisme. Elle privilégie l’analyse, pas l’exposition.

Son parcours commence au New York Observer, puis elle collabore au New York Times Style et à Marie Claire. Elle rejoint Vogue en 2011 au poste de social editor, chargé de couvrir les mariages et les événements de la haute société new-yorkaise. Fonction marginale en apparence, mais qui donne accès à un système : celui de la classe dominante américaine, ses usages, ses mécanismes de reproduction. Elle devient ensuite contributing editor, avant de prendre la tête de Vogue.com en 2023. La progression interne est nette. En moins de deux ans, l’audience du site double. Les grandes opérations comme le Met Gala ou Vogue World sont couvertes de manière plus ciblée. Elle co-anime également un podcast hebdomadaire, The Run-Through with Vogue.

Recentrage sur la qualité

Elle assume son origine sociale. Elle se définit comme une nepo baby (L’expression désigne  les enfants de célébrités dont la carrière a bénéficié de la renommée de leurs parents). Elle indique que cette position initiale impose de faire ses preuves. Pas de posture militante, pas de mise en scène. Une logique de résultat. Elle adopte un style sobre, précis, sans emphase. Elle raconte avoir porté des collants noirs lors de son premier entretien chez Vogue — une erreur dans l’environnement du magazine. Elle affirme aujourd’hui une approche plus fonctionnelle, sans démonstration. Elle est mariée depuis 2015 à Graham McGrath Albert, a deux enfants, et explique que la maternité a renforcé sa capacité d’organisation et de prise en compte des autres.

Son arrivée à la tête de Vogue US correspond à une modification dans la structure du groupe. Le titre d’editor-in-chief disparaît, remplacé par celui de head of editorial content. Le mot change, la fonction aussi. Il ne s’agit plus de centraliser les décisions, mais de coordonner une production éditoriale répartie. Elle applique une méthode : rationalisation des contenus, recentrage sur la qualité, gestion plus rigoureuse de la marque.

Une nouvelle approche de la presse papier chez Vogue US

Un chantier important est engagé sur la version papier. Le premier numéro sous sa responsabilité sortira en 2026. Fin du rythme mensuel. Passage à des éditions thématiques, avec une fabrication plus haut de gamme. L’objectif est de repositionner l’objet Vogue dans un espace plus rare, donc plus valorisé. Cette stratégie ne vise pas un retour en arrière, mais une adaptation au morcellement de l’attention et à la baisse de valeur perçue du contenu numérique. Le succès dépendra de la capacité à maintenir une exigence éditoriale dans un format réduit.

La méthode Malle

Elle est aussi confrontée aux enjeux contemporains du secteur. Une publicité récente mettant en scène une mannequin générée par intelligence artificielle a suscité des critiques sur l’authenticité et la place des humains dans la production visuelle. Elle ne cherche pas à imposer une ligne. Elle écoute, ajuste, arbitre. Elle semble considérer que l’autorité ne repose plus sur la prescription, mais sur la capacité à structurer un espace de production cohérent.

Le contexte économique impose aussi une transformation. L’industrie de la mode, évaluée à 12,3 milliards de dollars, vise 18,5 milliards d’ici 2033. Vogue ne peut plus se limiter à reproduire les codes. Il doit sélectionner, hiérarchiser, interpréter. Chloé Malle ne cherche pas à incarner une vision, mais à maintenir une exigence.



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