Résumé Résumé
Marine Le Pen, cheffe de file historique du Rassemblement National, cumule depuis deux décennies fonctions électives, responsabilités partisanes et patrimoine familial. En 2023, elle a déclaré un revenu net total de 155 729 euros, soit une moyenne mensuelle de 12 977 euros.
Ce chiffre, bien supérieur au revenu médian en France, provient d’un empilement de rémunérations associées à ses mandats successifs et à ses activités connexes. À l’heure où son avenir politique est suspendu à une décision de justice, ses ressources financières témoignent d’une trajectoire solidement ancrée dans les arcanes du pouvoir.
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Des revenus issus de multiples fonctions électives
En tant que députée du Pas-de-Calais depuis 2022, Marine Le Pen bénéficie du régime indemnitaire en vigueur à l’Assemblée nationale. La rémunération brute mensuelle d’un parlementaire s’élève à 7 637,39 euros, répartis entre une indemnité de base (5 931,95 euros), une indemnité de résidence (177,96 euros) et une indemnité de fonction (1 527,48 euros). Une fois les prélèvements obligatoires déduits, la somme nette atteint 5 953,34 euros par mois.
À cela s’ajoute une indemnité représentative de frais de mandat, fixée à 5 950 euros mensuels, destinée à couvrir les dépenses liées à l’exercice de la fonction. Marine Le Pen dispose en outre d’une enveloppe budgétaire de 11 118 euros par mois pour rémunérer ses collaborateurs parlementaires, bien que ces fonds ne constituent pas un revenu personnel.
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Si elle a officiellement quitté la présidence du Rassemblement national en 2022, Marine Le Pen continue de percevoir une rémunération de la part de son parti. Jusqu’en juin 2024, elle touchait 60 000 euros nets par an en tant que membre du bureau exécutif et présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale. Ce montant a été ramené à 30 999 euros nets en 2024, à la suite de l’évolution de ses fonctions internes. En 2022, malgré sa mise en retrait, elle percevait encore 5 000 euros mensuels de la part du parti, sous forme de remboursements forfaitaires de frais. Cette pratique, bien qu’acceptée en interne, avait suscité des interrogations sur la gestion des fonds au sein du mouvement.
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Marine Le Pen occupe également un poste de conseillère départementale dans le Pas-de-Calais depuis 2021. Pour un département de plus d’1,25 million d’habitants, l’indemnité mensuelle brute s’élève à 2 722,58 euros. Selon sa déclaration, cette fonction lui a rapporté 20 037 euros nets en 2023, soit environ 1 670 euros par mois. Toutefois, ce mandat pourrait bientôt prendre fin.
En avril 2025, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé la mise en œuvre de la procédure visant à la déchoir de son mandat, à la suite de sa condamnation judiciaire. Si cette procédure aboutit, Marine Le Pen pourrait perdre près de 2 000 euros de revenus mensuels supplémentaires.
Une condamnation judiciaire aux effets immédiats
Le 31 mars 2025, Marine Le Pen a été condamnée pour détournement de fonds publics dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens. Le tribunal correctionnel lui a infligé une peine de quatre ans de prison, dont deux ans ferme, aménageables sous bracelet électronique, une amende de 100 000 euros, ainsi qu’une inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate.
Malgré son intention de faire appel, la décision a des conséquences immédiates sur sa capacité à exercer des mandats électifs. En plus de compromettre une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2027, cette condamnation fragilise plusieurs de ses sources de revenus actuelles, en particulier celles liées à ses fonctions électives locales.
Un patrimoine familial et successoral conséquent
Au-delà de ses rémunérations, Marine Le Pen dispose d’un patrimoine personnel conséquent. Sa déclaration de 2022 faisait état d’un actif estimé à environ 1,2 million d’euros. Elle détient notamment 12,5 % des parts du château familial de Montretout, à Saint-Cloud, valorisées à 616 800 euros. Elle possède également 28,5 % des parts d’une maison de 120 m², estimées à 111 883 euros, et 25 % des parts d’une maison de 382 m² dans les Yvelines, valorisées à 565 801 euros.
En 2024, ce patrimoine s’est enrichi à la suite d’un héritage reçu de Monique Plaideux, une sympathisante cannoise décédée en octobre 2023, dont Marine Le Pen était la légataire universelle. Parmi les biens hérités figure un appartement de 102 m² à Cannes, revendu pour 1 094 886,68 euros. D’autres biens immobiliers ou mobiliers, non détaillés, faisaient également partie de la succession.
Parmi les activités annexes qu’elle déclare, figure un élevage de chats domestiques. Lancée en 2021, cette activité demeure marginale sur le plan économique. Elle lui a rapporté 5 777 euros nets en 2023 et seulement 518 euros en 2024, selon ses déclarations.
Un modèle financier politique aujourd’hui fragilisé
Son passé au Parlement européen, de 2004 à 2017, a également constitué une source de revenus importante. Elle y percevait environ 11 000 euros par mois, répartis entre un salaire net de 6 200 euros et une indemnité de frais généraux de 4 299 euros. Toutefois, cette période s’est terminée sur une note contentieuse. Marine Le Pen a été contrainte de rembourser 330 000 euros au Parlement européen pour l’utilisation jugée abusive d’assistants parlementaires. D’autres sommes sont toujours réclamées dans le cadre de procédures judiciaires connexes.
La situation financière du Rassemblement national, son parti de toujours, constitue un autre facteur de tension. Structurellement endetté, le RN peine à obtenir des financements bancaires classiques. Il s’appuie sur les subventions publiques, estimées à 14,5 millions d’euros pour l’année 2025, ainsi que sur un système de prêts contractés auprès de particuliers. Chaque année, près de 5 millions d’euros sont affectés au remboursement de la dette, limitant les capacités de rémunération des cadres et la flexibilité financière du mouvement.