Combien gagne Léa Salamé ?

25 000 euros par mois pour une journaliste du service public : cette transparence affichée peut-elle vraiment apaiser la colère des contribuables ?

Résumé Résumé

25 000 euros par mois. C’est ce que touchera Léa Salamé pour présenter le 20 heures de France 2 à partir du 1er septembre. Une somme qu’elle a elle-même dévoilée dans Libération, brisant une omerta tenace sur les salaires dans l’audiovisuel public. Une transparence rare. Et une somme qui, en soi, n’a rien d’exorbitant si on la compare aux standards du secteur. Mais dans un contexte où les finances publiques sont scrutées à l’euro près, elle ne pouvait qu’attiser le débat.

A LIRE AUSSI
Meghan et Harry vivent-ils au-dessus de leurs moyens ?

Un salaire de 25 000 euros

La journaliste n’a pas seulement accepté un poste. Elle a aussi fait un choix. Celui de rester dans le giron du service public, refusant les 50 000 euros mensuels que lui proposait BFMTV pour un talk-show en soirée. À la clé, un salaire divisé par deux… mais une visibilité démultipliée : JT du 20h en semaine, Quelle époque ! le samedi. L’audience, plus que le bulletin de paie. Une stratégie de long terme, qui peut s’entendre – surtout dans un métier où la notoriété se capitalise bien plus que l’épargne.

Dans le microcosme télévisuel, les comparaisons éclairent les hiérarchies. Anne-Sophie Lapix, qu’elle remplace, touchait environ 30 000 euros. À TF1, Anne-Claire Coudray serait entre 30 000 et 50 000 euros. Gilles Bouleau, lui, autour de 15 000. Sur France 2 le week-end, Laurent Delahousse serait dans la même fourchette. Le salaire de Salamé s’inscrit donc dans le haut du tableau, sans l’écraser.

A LIRE AUSSI
Combien gagne vraiment Emmanuel Macron ?

Mais vu de l’intérieur, le contraste est rude. À France Télévisions, un journaliste débutant commence à 2 100 euros bruts. Le salaire moyen plafonne à 2 769 euros. Même des figures installées comme Nathalie Saint-Cricq ne dépassent guère les 6 000 euros nets. L’écart est vertigineux. Et pose question.

Le service public à l’épreuve du marché

Delphine Ernotte, présidente du groupe, assume. Pour elle, cette rémunération est le prix à payer pour maintenir un JT de qualité face à TF1, mastodonte privé. Attirer – et surtout retenir – des figures de proue, dans un univers où le marché des têtes d’affiche est ultra-concurrentiel, suppose de s’aligner. Autrement dit : pour que le public continue d’exister, il faut parfois penser comme le privé.

C’est une ligne de crête. Car dans le même temps, la pression monte sur les finances publiques, et les critiques fusent. Julien Odoul, du Rassemblement national, y voit une « spoliation » du contribuable et relance l’idée d’une privatisation pure et simple. D’autres dénoncent un double discours : on parle d’austérité, mais on paie grassement une journaliste star. La dissonance est là. Elle n’est pas nouvelle. Mais elle se fait de plus en plus audible.

Transparence ou poudre aux yeux ?

Léa Salamé, en révélant son salaire, a voulu jouer cartes sur table. C’est assez rare pour être souligné. Mais cela suffit-il à désamorcer la tension ? Pas sûr. Car le débat dépasse son cas individuel. Il touche à une question structurelle : comment faire vivre un service public crédible, attractif, mais aussi sobre et équitable ? Peut-on encore concilier ces exigences dans un paysage audiovisuel bouleversé par la concurrence, les réseaux sociaux, et la fragmentation des audiences ?



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire