L’usine Stellantis de Rennes redémarre. Après des mois de ralentissement, le site de La Janais relance la production du C5 Aircross et s’apprête à embaucher 200 personnes. Objectif : retrouver une cadence industrielle forte et inscrire durablement le site dans la transition énergétique.
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Un retour à deux équipes pour relancer la production
Afin de répondre à la demande croissante pour le nouveau modèle, la direction du site a annoncé la remise en place d’une deuxième équipe de production d’ici la mi-octobre. Cette évolution devrait entraîner l’arrivée d’environ 200 salariés, dont près de 70 intérimaires, selon la CFDT. L’usine, qui produit actuellement 400 véhicules par jour, voit dans cette accélération un signal encourageant, alors que les premiers modèles commencent tout juste à être livrés dans les concessions.
Cette dynamique marque un tournant après des mois de repli. Depuis janvier 2025, l’usine ne fonctionnait plus qu’avec une seule équipe, conséquence directe de l’arrêt de la production du Peugeot 5008. Fin 2024, la direction avait supprimé 250 postes d’intérimaires. La première étape de la relance a eu lieu en mars dernier, avec la réintégration d’une demi-équipe et l’embauche d’environ 150 intérimaires, accompagnés d’une dizaine de recrutements en CDI. La montée en puissance se poursuit désormais avec un objectif clair : atteindre la pleine capacité d’ici la fin de l’année.
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Citroën vise une production annuelle de 100 000 unités pour le nouveau C5 Aircross, contre 75 000 véhicules produits en 2024. À plein régime, la cadence devrait atteindre 400 unités quotidiennes. Actuellement encore modeste — une vingtaine de véhicules sont assemblés chaque jour — la production montera progressivement en charge au fil des prochains mois.
160 millions d’euros investis pour moderniser l’usine
Ce redémarrage industriel s’appuie sur un investissement stratégique massif. Le groupe Stellantis a injecté 160 millions d’euros pour adapter l’usine à la plateforme STLA Medium. L’objectif est double : renforcer la compétitivité du site et assurer sa pérennité dans un marché automobile en profonde mutation. Cette refonte comprend notamment la création d’un atelier de ferrage à haute performance, l’un des plus modernes d’Europe, ainsi qu’un atelier batteries permettant l’assemblage sur place des blocs électriques.
Parallèlement à cette montée en puissance industrielle, Citroën adopte une stratégie commerciale offensive. Le nouveau C5 Aircross hybride 145 chevaux s’affiche à un prix de départ de 34 990 euros, soit environ 5 000 euros de moins que le Peugeot 3008 équivalent, positionné à 39 500 euros. Ce choix tarifaire vise à renforcer la compétitivité du modèle dans un segment très disputé. L’ancien C5 Aircross avait enregistré 9 948 immatriculations au premier semestre 2025, représentant 1,2 % du marché des SUV en France, et s’était maintenu dans le top 20 des ventes malgré une fin de cycle entamée.
Electrique et neutralité carbone
Le site de Rennes mise également sur sa flexibilité pour s’adapter aux exigences de la transition énergétique. Grâce à la plateforme STLA Medium, il est désormais capable de produire, sur une même ligne, des véhicules thermiques, hybrides et 100 % électriques. La direction prévoit que 60 % des véhicules produits à La Janais seront entièrement électriques, et 30 % mild hybrid, dans un contexte où l’électrification du parc automobile s’accélère.
Cette adaptabilité industrielle s’inscrit dans une stratégie environnementale plus large. L’usine vise la neutralité carbone à l’horizon 2030. Des efforts sont déjà visibles : la consommation d’eau a été réduite de 1,8 m³ par véhicule en 2021 à 1,5 m³ en 2025, avec un objectif fixé à 1,15 m³ par unité. Un parc photovoltaïque est en cours de développement, avec pour ambition d’atteindre 70 % d’indépendance énergétique dès 2026.
La relance rennaise intervient dans un contexte de tension pour le groupe Stellantis. Au premier semestre 2025, l’entreprise a enregistré une perte nette de 2,3 milliards d’euros. L’arrivée d’Antonio Filosa à la tête du groupe en juin dernier ouvre une nouvelle phase stratégique. Sa capacité à redresser la trajectoire financière du constructeur sera déterminante pour les investissements futurs, notamment en France.