Conflit d’intérêts : comment Trump s’enrichit à la Maison Blanche

Depuis janvier, Donald Trump a investi plus de 100 M$ dans des entreprises influencées par la politique américaine. Un conflit d’intérêts assumé.

Donald Trump n’est pas seulement revenu à la Maison-Blanche. Il est aussi revenu à ses affaires – littéralement. Depuis son investiture en janvier 2025, le président des États-Unis a personnellement investi plus de 100 millions de dollars dans des obligations et titres de dette, selon un rapport du Bureau de l’éthique gouvernementale relayé par CNBC. Un chiffre stupéfiant, mais qui ne surprend plus vraiment lorsqu’il s’agit du 45ᵉ — et désormais 47ᵉ — président des États-Unis.

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Des investissements massifs depuis la Maison-Blanche

690 transactions en huit mois. Des dizaines de millions investis dans des dettes locales, des services publics, mais aussi dans des entreprises privées directement influencées par les décisions présidentielles : Meta, Home Depot, T-Mobile… La frontière entre politique et finance personnelle, déjà poreuse lors de son premier mandat, semble désormais totalement dissoute. Ce n’est plus un mélange des genres : c’est une confusion organisée des intérêts.

Contrairement à tous ses prédécesseurs récents, Trump n’a pas vendu ses actifs financiers à son arrivée au pouvoir. Mieux — ou pire — il les fait fructifier, et de façon agressive. À croire que la Maison-Blanche est devenue le bureau exécutif d’un fonds d’investissement privé. T-Mobile, UnitedHealth (dans laquelle Warren Buffett vient d’investir), Home Depot, Meta : entre 250.000 et 1 million de dollars par ligne, soigneusement répartis dans des secteurs où la politique pèse lourd. On frôle l’autogestion patrimoniale au sommet de l’État.

Des entreprises ciblées influencées par les décisions fédérales

Ce n’est pas un hasard si les placements de Trump concernent des géants dépendants des décisions fédérales : santé, télécoms, tech. En tant que président, il dispose d’un pouvoir d’orientation stratégique sur les réglementations, les aides publiques, la fiscalité… Autant de leviers susceptibles d’impacter directement la valeur des titres qu’il détient.

Et ne comptez pas sur le cadre légal pour l’en empêcher : le président des États-Unis, dans sa toute-puissance institutionnelle, échappe aux régulations qui encadrent les autres hauts fonctionnaires. Une anomalie démocratique connue, souvent critiquée, mais jamais corrigée. Résultat : Trump peut prendre des décisions qui affectent les marchés tout en étant lui-même exposé à ces décisions. Un juge et partie assumé, avec le sceau de l’électorat comme bouclier moral.

Une stratégie financière au cœur du trumpisme 2025

En spéculant sur des entreprises sous son influence, Trump transforme l’État en levier de rendement. Son capital personnel — évalué à 5,5 milliards de dollars, soit plus du double de sa fortune de 2020 — ne dort pas, il travaille, y compris pendant les réunions du Conseil de sécurité.

En d’autres temps, ce type de conflit d’intérêts aurait provoqué une crise institutionnelle. Aujourd’hui, il est documenté, médiatisé, commenté… et normalisé. Le trumpisme, version 2025, ressemble à une stratégie d’accumulation : pouvoir, image, argent, dans un seul et même portefeuille.

L’Amérique a longtemps pensé qu’elle pouvait tolérer quelques entorses au nom de la croissance et du pragmatisme. Elle découvre désormais qu’on peut aussi être dirigé par un président dont l’obsession n’est plus le bien commun mais le bilan trimestriel personnel.



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