Et si l’intelligence artificielle parvenait enfin à réconcilier performance économique et bien-être managérial ? C’est, en tout cas, le pari de Rewayz, une jeune pousse lilloise qui vient de lever 1,3 million d’euros auprès d’un aréopage de business angels triés sur le volet. Parmi eux, Jean-Michel Aulas ou Thierry Mulliez, comme pour montrer que la vieille économie croit encore un peu en la magie de la nouvelle.
L’ambition ? Fournir aux managers un « copilote IA » capable d’identifier les signaux faibles, désamorcer les tensions, et surtout, gagner du temps. Car c’est bien cela qu’on vend ici : du temps managérial libéré, grâce à un algorithme entraîné à écouter là où les hiérarchies n’entendent plus.
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Le principe est simple. Tous les trois mois, les salariés répondent à un rapide questionnaire. L’IA, nourrie de psychologie du travail et d’expertise RH, en extrait une cartographie des préoccupations du moment. À partir de là, elle propose des pistes d’action, personnalisées et contextualisées. Rien de révolutionnaire sur le papier : les baromètres sociaux existent depuis longtemps. Mais ici, on promet un traitement immédiat, une restitution ciblée, et surtout, une lecture déchargée des biais humains – l’utopie classique de la tech appliquée aux RH.
Le marché, lui, semble y croire. Burger King, Leroy Merlin, TotalEnergies, Saint-Maclou, mais aussi plusieurs PME, ont déjà adopté la solution. Et les chiffres avancés par la direction ont de quoi faire tourner la tête : +68 % d’engagement, −20 % de turnover, 5 heures gagnées par semaine et par manager. Reste à savoir ce qui relève de la corrélation ou de la causalité.
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Promesses de rentabilité
Pour Rewayz, fondée en 2022, cette levée vient s’ajouter à une première d’un million d’euros en 2023. La trajectoire est donc classique : développement produit, premiers clients, croissance, puis accélération. Avec la rentabilité promise pour 2026, et un effectif visé d’une cinquantaine de salariés d’ici 2029.
Prochaine étape : l’international, avec une ouverture prévue dans deux ou trois pays d’ici fin 2026. L’Allemagne, l’Espagne ou encore le Maroc sont dans le viseur. Là aussi, c’est la demande de grands comptes qui dicte le tempo – preuve que la verticalisation du produit est plutôt bien engagée.
La question, évidemment, reste celle de la place qu’on veut laisser à l’IA dans le quotidien de l’entreprise. Peut-elle réellement devenir le « copilote » du manager, voire en gommer les angles morts ? Ou risque-t-on, au contraire, de déléguer à la machine des décisions humaines trop complexes, trop nuancées pour être codées ?