Un chantier colossal pour sauver Fort Boyard

Fort Boyard, sentinelle de pierre face à l’Atlantique, souffre aujourd’hui des assauts conjugués de la mer et du temps. À terme, c’est sa survie même qui est en jeu. Pour éviter que ce fleuron du patrimoine français ne soit relégué au rang de vestige submergé, un vaste chantier s’est mis en branle. Objectif : restituer les protections d’origine — éperon, havre d’accostage, risberme — et offrir au fort une nouvelle vie, à la fois consolidée et ouverte au public, à l’horizon 2028. Une première.

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Du géotechnique contre l’érosion

C’est là qu’intervient le groupe Géotec. Basé à Quetigny, ce spécialiste discret mais aguerri des sols complexes a été missionné pour baliser le terrain. En 2023, ses équipes ont mené des investigations géotechniques nautiques particulièrement délicates. L’enjeu : comprendre les fondations invisibles du fort, sonder l’épaisseur du remblai historique, traverser les sables mouvants et atteindre le substratum marno-calcaire. Autrement dit, dessiner la carte d’un monde instable, entre houle et sédiments, pour y ancrer des solutions durables.

L’opération, menée dans un environnement où chaque mouvement est contraint par le vent, l’eau et la pierre, ne relevait pas de la routine. Il fallait composer avec la faible manœuvrabilité des navires, la proximité immédiate du fort et les enrochements anciens. En automne 2023, puis à l’été 2024, la plateforme autoélévatrice Omer a été déployée pour une campagne de sondages in situ. Malgré les conditions peu clémentes, quatre forages ont été menés à bien, livrant une radiographie fine du sous-sol. Montant de l’engagement pour Géotec : 400 000 euros.

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Un retour aux sources pour Omer

Ce chantier marque un anniversaire : la plateforme Omer, mobilisée pour l’opération, célébre cette année ses 10 ans… à quelques encablures seulement de son site de construction originel, à Marennes. Une boucle technique et symbolique.

Les travaux lourds, eux, ont débuté à l’été 2025. Ils s’étaleront jusqu’en 2028. Trois ans pour que la géotechnique, l’ingénierie maritime et un brin d’audace redonnent à Fort Boyard non seulement ses fondations, mais une vocation nouvelle : celle d’un monument ancré dans le XXIe siècle, à la croisée du patrimoine et de la science.



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