Vous ne connaissez pas encore Robby Starbuck ? Vous allez vite en entendre parler. Cet Américain vient tout juste d’être recruté par Meta, la maison mère de WhatsApp, Instagram et Facebook, avec une mission bien précise : éliminer les biais idéologiques et politiques dans les réponses de son intelligence artificielle. Officiellement, il s’agit de « continuer à trouver des solutions aux problèmes de biais idéologiques et politiques et minimiser le risque que le modèle renvoie des hallucinations en réponse aux requêtes des utilisateurs », comme l’indiquait Meta il y a quelques jours.
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Reste à voir si le nombre de ces fameuses « hallucinations » — ces erreurs que les modèles d’IA produisent parfois en toute confiance — diminuera réellement. Mais ce qui est déjà presque acquis, c’est que l’offensive contre ce que la droite américaine qualifie de « wokisme » va s’intensifier. Robby Starbuck ne cache pas son intention de purger l’IA de Meta de toute orientation progressiste.
Le profil de Starbuck n’a rien d’anodin. Militant pro-Trump affiché, il a récemment mené une série de campagnes très visibles contre plusieurs grandes entreprises pour les contraindre à abandonner leurs programmes de diversité ou de protection des minorités. Ford, Harley-Davidson, McDonald’s : plusieurs groupes sont revenus en arrière après avoir été pris pour cible. Toujours selon le même schéma : usage intensif du réseau X (ex-Twitter), et mobilisation de ses plus de 800 000 abonnés pour faire pression.
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Le virage idéologique de Zuckerberg s’accélère
En s’adossant à cette figure du conservatisme radical, Mark Zuckerberg joue une carte qui pourrait créer d’autres types de biais, tout aussi problématiques. À force de vouloir éviter un déséquilibre, on risque d’en créer un autre. L’IA de Meta pourrait ainsi se rapprocher, par son orientation, de celle de Grok, le modèle développé par Elon Musk, notoirement influencé par ses propres opinions.
Ce virage n’arrive pas par hasard. Depuis plusieurs mois, Mark Zuckerberg donne des signes clairs de repositionnement : louanges appuyées du masculinisme, démantèlement des équipes internes chargées de la vérification des faits, et nomination au conseil d’administration de Dana White, figure du sport de combat et proche de Trump.
Ce réalignement « anti-woke », qui semble autant dicté par ses convictions personnelles que par une stratégie politique de séduction envers Donald Trump, marque un tournant. Un tournant d’autant plus significatif que l’IA de Meta, selon son patron, serait aujourd’hui utilisée par un milliard de personnes à travers le monde. La neutralité technologique — déjà fragile — s’en éloigne un peu plus.