Nîmes et Nantes, champions de France de la taxe foncière

Dans le grand jeu de l’impôt local, la taxe foncière prend des airs de charge lourde, très lourde, pour nombre de propriétaires. À Nîmes, la douloureuse 2024 a atteint 1 805 € pour un simple 70 m² – soit 150 € mensuels, un record national selon les données de Meilleurtaux. Juste derrière, Montpellier (1 781 €) et Nantes (1 780 €) suivent de près, traçant une diagonale du poids fiscal qui sature le budget logement. Même à Paris, où les prix de l’immobilier dominent d’ordinaire les classements, la taxe foncière plafonne à « seulement » 1 298 € pour la même surface. Mais l’illusion d’une pause fiscale ne dure jamais longtemps.

Une hausse qui s’applique à tous

Chaque année, l’État actionne son levier : la revalorisation des bases cadastrales. Après +7,1 % en 2023 et +3,9 % en 2024, 2025 verra une augmentation plus modeste, à +1,7 %. Une hausse en apparence contenue, mais qui s’appliquera à tous les propriétaires, sans exception, indépendamment de toute décision locale. Résultat : même sans vote municipal sur les taux, les avis d’imposition qui tomberont fin août afficheront des montants mécaniquement supérieurs à ceux de l’an passé. Un glissement quasi-invisible… sauf pour le portefeuille.

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Les premiers avis seront mis en ligne fin août, les envois papier suivront peu après. Et pour régler, il faudra s’exécuter au plus tard le 15 octobre (version papier) ou le 20 octobre en ligne. Le rendez-vous est devenu un marronnier fiscal, mais l’addition, elle, ne cesse de gonfler. En 2024, la taxe foncière représentait 118 € par mois en moyenne pour un 70 m² dans les grandes villes, soit 1 416 € sur l’année (+5 % sur un an). Avec la hausse automatique des bases et d’éventuelles décisions locales, la pression ne baissera pas en 2025.

Nîmes, Montpellier et Nantes, champions de la taxe foncière

Le palmarès des villes où l’on paie le plus est désormais bien établi : Nîmes, Montpellier, Nantes. À l’inverse, des villes comme Mulhouse ou Metz demeurent en dessous de la barre symbolique des 1 000 € pour un 70 m². Une disparité frappante, d’autant plus que la charge foncière devient un facteur différenciant entre territoires. Le même logement, la même surface, mais un coût d’occupation divergent de plusieurs centaines d’euros selon la commune.

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Mais c’est peut-être le ratio le plus éclairant : rapportée à une mensualité type de crédit, la taxe foncière devient un poids invisible, mais bien réel. En 2025, elle équivaut à 1,3 mensualité en moyenne, contre 1,1 l’année précédente. À Saint-Étienne, le pic atteint 3,1 mensualités ; à Nîmes ou au Havre, on flirte avec 2,2. Pour les primo-accédants, c’est un paramètre qui peut tout simplement faire basculer la faisabilité d’un achat. Et ce n’est pas une projection lointaine, mais un effet immédiat.

La mécanique est connue mais redoutablement efficace : d’un côté, la base – la fameuse valeur locative cadastrale – indexée sur l’inflation (+1,7 % en 2025). De l’autre, le taux d’imposition, voté localement. Même sans changement de taux, la facture grimpe. Et quand une commune choisit de hausser ses taux – comme cela a été le cas dans plusieurs grandes villes en 2024 – l’effet cumulé transforme l’impôt en coup de massue.

Il faudra attendre encore trois ans pour entrevoir un vrai bouleversement. Prévue (et repoussée) depuis des années, la révision générale des valeurs locatives est désormais annoncée pour 2028. Objectif : réaligner les bases fiscales sur les réalités des marchés locaux. En théorie, une promesse de justice fiscale. En pratique, une redistribution qui pourrait rebattre les cartes, mais aussi créer de nouveaux déséquilibres. D’ici là, la note continuera de grimper, doucement mais sûrement.



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