Le palmarès mondial des universités établi par le classement de Shanghaï, publié vendredi 15 août, n’a pas dérogé à la règle. Pour la vingt-troisième année consécutive, l’université Harvard conserve sa place de numéro un mondial. Cette constance témoigne de la domination durable des établissements américains, omniprésents dans le haut du tableau.
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Comme chaque année depuis 2003, le classement réalisé par la société Shanghai Ranking, à partir des données collectées par l’université Jiao Tong, distingue les mille meilleures institutions mondiales sur la base de critères strictement quantitatifs. Les États-Unis y règnent en maître, avec trente-sept universités dans le top 100. Derrière Harvard figurent Stanford et le Massachusetts Institute of Technology (MIT), suivis de Cambridge et Oxford, seules institutions non américaines à se hisser dans les dix premières places.
La Chine dépasse les États-Unis
La progression des universités chinoises, désormais plus nombreuses que leurs homologues américaines dans le top 1 000, constitue la principale évolution de cette édition. La Chine compte 222 établissements classés, contre 183 pour les États-Unis. Treize d’entre eux figurent désormais parmi les cent premiers, signe d’un changement d’équilibre progressif dans la hiérarchie mondiale de la recherche.
La France progresse
Dans ce paysage dominé par le monde anglo-saxon, la France maintient sa position et enregistre une légère progression. Vingt-sept établissements français figurent cette année dans le top 1 000, contre vingt-cinq l’an dernier. L’université Paris-Saclay reste la mieux classée, à la treizième place mondiale, perdant un rang par rapport à 2024. Elle demeure néanmoins la première institution non anglo-saxonne du palmarès.
Rang en France | Institution | Rang mondial |
---|---|---|
1 | Université Paris-Saclay | 13 |
2 | Université PSL | 34 |
3 | Sorbonne Université | 43 |
4 | Université Paris Cité | 60 |
5 | Université de Strasbourg | 101–150 |
6–8 | Aix-Marseille Université | 151–200 |
6–8 | Université Grenoble Alpes | 151–200 |
6–8 | Université de Montpellier | 151–200 |
9–12 | Université Claude Bernard Lyon 1 | 201–300 |
9–12 | Institut polytechnique de Paris | 201–300 |
9–12 | Université de Bordeaux | 201–300 |
9–12 | Université de Lorraine | 201–300 |
13–14 | École Normale Supérieure – Lyon | 301–400 |
13–14 | Université Paul-Sabatier (Toulouse 3) | 301–400 |
15–18 | Université Toulouse Capitole | 401–500 |
Trois autres établissements français figurent parmi les cent premiers : l’université PSL (34e), Sorbonne Université (43e) et l’université Paris Cité (60e). Comme l’an dernier, les écarts de classement y restent marginaux, mais la stabilité témoigne d’une consolidation des positions acquises depuis plusieurs années.
Le succès relatif des universités françaises s’explique en grande partie par les politiques de regroupement institutionnel conduites depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Destinées à créer des entités suffisamment visibles et compétitives à l’échelle internationale, ces réformes ont permis de constituer des ensembles capables de répondre aux critères du classement de Shanghaï. Paris-Saclay illustre cette dynamique : créée en 2020, cette structure regroupe dix composantes universitaires, quatre grandes écoles, deux universités associées et sept organismes de recherche. Elle représente à elle seule 13 % de la recherche française, avec 50 000 étudiants, 8 100 enseignants-chercheurs et 220 laboratoires. Une force de frappe scientifique indéniable, mais qui s’accompagne de tensions récurrentes en matière de gouvernance, notamment relevées en 2024.
Une méthodologie critiquée
Le classement de Shanghaï repose sur six critères, tous exclusivement quantitatifs : la présence de prix Nobel ou de médailles Fields parmi les anciens élèves (10 %) et les chercheurs (20 %), le nombre de chercheurs les plus cités (20 %), les publications dans les revues Nature et Science (20 %), les articles indexés dans les bases internationales (20 %) et la performance académique rapportée à la taille de l’établissement (10 %).
Ce modèle méthodologique est régulièrement critiqué. Il privilégie la recherche en sciences dites « dures » et ignore quasi totalement les sciences humaines et sociales. L’évaluation ne prend pas en compte la qualité de l’enseignement, la réussite étudiante ni l’insertion professionnelle des diplômés – autant de critères pourtant centraux dans les missions de l’université française.
La logique du classement suscite ainsi des interrogations croissantes au sein de la communauté académique. Le poids symbolique qu’il a acquis dans les politiques publiques, notamment en matière de financement et de structuration institutionnelle, interroge sur la manière dont la France envisage son enseignement supérieur à long terme.
Dans un communiqué, le ministère de l’Enseignement supérieur a reconnu certaines « lacunes méthodologiques » du classement, tout en saluant « la qualité des travaux scientifiques et la reconnaissance internationale » dont témoignent les résultats français. Il voit dans la présence de vingt-sept établissements classés la validation de « la politique de consolidation universitaire menée depuis plus d’une décennie », et rappelle la nécessité de rester compétitif dans une “compétition accrue en matière d’attractivité”.