Avec 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, une rentabilité multipliée par trois et un positionnement sociétal renforcé, la MAIF confirme son statut singulier dans le paysage économique français. À rebours des logiques purement financières, l’assureur mutualiste niortais poursuit, à travers un plan stratégique ambitieux, une transformation profonde de son modèle. Loin d’un simple repositionnement, c’est une régénération complète que l’entreprise opère, sans renier son ancrage historique.
Des résultats financiers au top
L’exercice 2024 marque une nouvelle étape dans la montée en puissance du groupe. Le chiffre d’affaires progresse de 5,7 % pour atteindre les 5 milliards d’euros, tandis que le résultat net passe de 23 à 73 millions d’euros en un an. Cette dynamique repose sur une croissance continue du sociétariat, avec près de 100 000 nouveaux adhérents, mais aussi sur une stratégie de diversification maîtrisée. En un an, 48 000 véhicules, 35 000 logements et 74 000 contrats corporels supplémentaires ont été assurés.
MAIF VIE, filiale dédiée à l’assurance-vie, confirme son rôle de moteur avec une hausse de 4,9 % du nombre d’adhérents et un résultat net de 52 millions d’euros. En parallèle, SMACL Assurances, en difficulté depuis plusieurs années et rattachée au groupe depuis 2022, amorce un redressement spectaculaire. Sa perte, qui s’élevait à 196 millions d’euros en 2023, a été réduite à 34 millions, témoignant de l’efficacité des restructurations engagées.
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Si la performance économique du groupe est notable, elle ne s’accompagne pas d’une logique d’automatisation déshumanisée. En 2025, MAIF initie une démarche inédite autour de l’intelligence artificielle. Trente salariés, tirés au sort, ont participé à l’élaboration des règles encadrant l’usage de l’IA générative. Transparence vis-à-vis des sociétaires, création d’un comité éthique numérique, maintien de l’emploi : l’entreprise entend construire une technologie au service de l’humain, non l’inverse.
Des outils innovants sont en cours d’expérimentation : assistant métier intelligent (AMI), chatbots pour fluidifier l’expérience client, digitalisation des parcours sinistres. Mais la promesse reste inchangée : aucune suppression de poste liée à l’IA. Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie de relation client particulièrement efficace. Pour la 21e année consécutive, la MAIF obtient la première place du Podium de la relation client dans le secteur de l’assurance, avec une note de 4,73 sur 5. L’un des leviers de cette fidélité : un taux de turnover extrêmement bas, autour de 4 %, reflet d’un climat social stabilisé.
Une politique RH inclusive et engagée
L’inclusion constitue l’un des piliers les plus visibles de la politique RH du groupe. En décembre 2024, un sixième accord handicap est signé, portant le taux d’emploi de personnes en situation de handicap à 6,37 %, au-delà des obligations légales. Cinquante recrutements sont prévus d’ici 2027. Fait notable, 76 % des salariés handicapés du groupe sont des femmes, témoignant d’une attention spécifique à l’intersection des vulnérabilités. Des droits nouveaux sont également instaurés : cinq jours d’absence rémunérée sont accordés aux collaborateurs pour effectuer leurs démarches administratives liées à la reconnaissance du handicap.
Cet engagement se conjugue avec une politique égalitaire renforcée, notamment sur le plan de la représentation et de la progression professionnelle, mais aussi dans la vigilance portée aux conditions de travail dans un environnement numérique en mutation.
Une stratégie écologique alignée sur les grands objectifs climatiques
La stratégie environnementale du groupe prend un tournant plus affirmé encore. Le « dividende écologique », dispositif initié pour financer des projets de transition, atteint 7 millions d’euros en 2025, contre 2,3 millions deux ans plus tôt. Depuis son lancement, 24 projets ont été soutenus dans les domaines de la biodiversité, de la régénération agroécologique ou de la préservation des écosystèmes. En 2025, dix nouveaux projets sont accompagnés, pour un montant de 4 millions d’euros.
L’assureur se fixe également des objectifs radicaux sur la décarbonation de ses investissements. Signataire de la Net Zero Asset Owner Alliance, la MAIF a déjà réduit de 38 % l’empreinte carbone de ses actifs et vise –50 % d’ici 2030. Elle prévoit une sortie complète du charbon et des énergies non conventionnelles avant 2030, puis du pétrole d’ici 2040.
Créée en 1934 par et pour les instituteurs, la MAIF a progressivement élargi son sociétariat à l’ensemble des professions, puis aux associations, collectivités territoriales, TPE et indépendants. Plus de 200 000 associations sont aujourd’hui assurées par le groupe. Cette ouverture s’accompagne d’une diversification de l’offre : assurance emprunteur, épargne verte, services aux freelances et aux petites entreprises.
Le plan stratégique 2023–2026, intitulé « Régénération », vise 200 000 nouveaux sociétaires nets, ainsi qu’une réduction d’un point des frais généraux sur quatre ans. Cette ambition s’ancre dans une volonté de conquérir une nouvelle génération : devenir l’assureur préféré des trentenaires, en capitalisant sur la proximité humaine, la responsabilité environnementale et une approche repensée de la mobilité.
Face à la pression des insurtechs, à l’inflation des sinistres climatiques et à la baisse tendancielle de la rentabilité dans le secteur, la MAIF choisit de s’appuyer sur un maillage territorial dense, un réseau d’agences en pleine transformation et une stratégie centrée sur la qualité de service.
Depuis quinze ans, Pascal Demurger pilote cette transformation avec une conviction affirmée : l’entreprise ne peut plus se concevoir en dehors de son impact politique. Son ouvrage, L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus, pose les fondations d’une entreprise engagée dans la construction d’un monde habitable. Cette ligne guide aujourd’hui l’ensemble des décisions du groupe.
