C’est une vieille habitude française : quand un pilier d’un secteur stratégique vacille, l’État accourt pour le soutenir. Cette fois, c’est au tour du Pari Mutuel Urbain (PMU) de faire l’objet d’un plan de sauvetage à peine voilé. Face à l’érosion continue des mises, le gouvernement annonce ce 13 août une réforme de la filière hippique, incluant un plan d’économies, une refonte de la gouvernance et une possible évolution statutaire du PMU.
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Un recul des mises
Le sujet pourrait paraître anecdotique. Il ne l’est pas. Le PMU, c’est une institution presque centenaire, créée en 1930, qui irrigue toute une économie rurale et culturelle. Ce groupement d’intérêt économique (GIE), co-détenu à parts égales par France Galop et la Société d’encouragement à l’élevage du trotteur français (SETF), ne distribue pas seulement des gains aux parieurs : il assure le financement d’une filière de 40 000 emplois, tout en reversant 9 % des mises à l’État. Une mécanique bien huilée — mais enrayée depuis quelques années.
Le bilan 2024 de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) est sans appel : 6,6 milliards d’euros de mises, pour 1,7 milliard de produit brut des jeux, en recul de 2 % sur un an. France Galop fait état d’une baisse plus marquée encore : –4 % de mises depuis le début de l’année. Le turf n’attire plus comme avant, et la concurrence des paris sportifs numériques, eux en pleine forme, accentue la pression. La tendance est à la baisse, et l’État, cette fois, ne se contente pas de regarder.
Un plan d’économies imposé à France Galop et la SETF
S’appuyant sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), les ministères de l’Agriculture et des Comptes publics appellent à une transformation profonde. Il faudra un plan d’économies structurelles, martèle le communiqué, et une rationalisation des charges chez France Galop et la SETF. Mutualisation des services, nouvelles recettes hors-paris, recentrage stratégique : c’est une remise à plat complète qui s’engage.
Mais la clé du dispositif, c’est bien la rénovation de la gouvernance du PMU. L’État veut « faire évoluer son statut vers celui d’un GIE commercial », une mutation juridique qui permettrait d’ouvrir un nouveau cycle, plus flexible, plus entrepreneurial – en théorie. Dans les faits, cela revient à remettre l’appareil entre de nouvelles mains, avec un rôle accru pour l’exécutif.
C’est Éric Woerth qui a été chargé de la manœuvre. Sa feuille de route est aussi technique que stratégique : formaliser un accord avec les sociétés mères, définir le Pacte PMU 2030, proposer une réforme de la gouvernance, clarifier la clé de répartition financière entre les entités fondatrices et, en prime, choisir la prochaine direction du PMU. Autrement dit, l’État reprend les rênes d’un attelage qui menace de perdre l’équilibre.