À Palo Alto, les voisins de Zuckerberg voient rouge

Caméras, bunkers et rachats massifs : voici comment Mark Zuckerberg a redessiné son quartier de Crescent Park.

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Le paisible et cossu quartier résidentiel de Crescent Park, à Palo Alto, en Californie, abrite depuis des décennies avocats, cadres supérieurs et professeurs renommés de l’université voisine de Stanford. C’est là que Larry Page et Sergey Brin se sont rencontrés avant de fonder Google, et non loin du garage où David Packard lança Hewlett-Packard.
Aujourd’hui refuge de figures majeures de la tech — Steve Jobs y a vécu et y est décédé —, le quartier voit depuis plus d’une décennie son équilibre perturbé par l’expansion immobilière de Mark Zuckerberg. Le fondateur de Facebook et directeur général de Meta, 41 ans, a acquis en 2011 une maison de 520 m² dans Crescent Park. Rapidement à l’étroit, il a multiplié les achats, au grand dam de certains voisins.

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De cette première résidence, Zuckerberg est passé à un complexe privé regroupant au moins onze propriétés, pour un investissement total estimé à plus de 110 millions de dollars, selon le New York Times. Le domaine comprend la maison principale où il vit avec son épouse Priscilla Chan et leurs trois filles, plusieurs maisons d’hôtes, des jardins luxuriants, une piste de pickleball, des piscines et même une statue de Chan commandée par Zuckerberg l’an dernier.

Certaines acquisitions ont été destinées à des usages inhabituels pour un quartier résidentiel. Une maison a ainsi été transformée en école privée accueillant 14 enfants — dont deux des filles du couple —, malgré l’interdiction municipale d’implanter des établissements privés générant plus de trafic qu’une habitation classique. Le porte-parole de Zuckerberg et Chan a expliqué qu’il s’agissait d’un groupe d’enfants scolarisés à domicile formé durant la pandémie et maintenu pour préserver leur stabilité. La révélation de l’existence de cette école a suscité d’autant plus de réactions que, dans le même temps, le couple a annoncé la fermeture de l’école primaire qu’il avait créée en 2016 à East Palo Alto pour des enfants de familles à faibles revenus.

650 m² d’espaces souterrains

La sécurité constitue un autre point de friction. Des caméras couvrent l’ensemble des propriétés, certaines orientées vers les terrains voisins. Des agents privés circulent dans le quartier, filment certains visiteurs et interrogent d’autres passants. Selon leur porte-parole, Meta impose à son dirigeant un haut niveau de sécurité pour répondre à des menaces « spécifiques et crédibles », et les caméras sont réorientées à la demande des riverains.

L’expansion ne se limite pas à la surface. Sous le complexe, Zuckerberg a fait aménager 650 m² d’espaces souterrains. Huit années de travaux ont apporté leur lot de bruit et de va-et-vient de machines lourdes. Cette transformation rappelle les projets immobiliers d’autres milliardaires de la tech, tels que Jeff Bezos, dont le mariage à Venise avait suscité des protestations, ou Elon Musk, qui a constitué un vaste domaine au Texas pour ses enfants et leurs mères.

Pour certains riverains, la cohabitation est devenue difficile. Michael Kieschnick, dont la maison est aujourd’hui entourée sur trois côtés par des propriétés de Zuckerberg, affirme avoir refusé plusieurs propositions d’achat. « Aucun quartier ne souhaite être occupé. C’est pourtant ce qui s’est produit », confie-t-il.

Fêtes privées, surveillance constante

Les premières étapes de cette stratégie remontent à 2012 et 2013, avec l’achat de quatre maisons pour plus de 40 millions de dollars, toutes démolies puis reconstruites afin d’entourer partiellement la demeure principale. Après une pause, les acquisitions ont repris en 2022 : six propriétés supplémentaires, dont quatre au cours des quinze derniers mois, achetées via des sociétés à responsabilité limitée et assorties d’accords de confidentialité. Certaines restent inoccupées ou nécessitent des réparations, d’autres accueillent des proches du couple.

Les effets sur la vie locale se font sentir. Bruit des travaux, fêtes privées, surveillance constante : pour certains, Crescent Park n’est plus le même. Zuckerberg semble toutefois chercher à réduire les tensions. Les agents de sécurité circulent désormais en véhicules électriques, et des cadeaux — bouteilles de vin, chocolats, beignets — sont offerts aux voisins lorsqu’un désagrément est pressenti. Un apaisement qui ne dissipe pas les interrogations sur l’avenir de ce quartier emblématique de la Silicon Valley.



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