OpenAI offre son IA à l’État américain pour… un dollar

Un contrat à 1 dollar, mais des conséquences majeures : OpenAI s’allie à l’administration Trump pour façonner l’avenir numérique des États-Unis.

Un dollar. C’est ce que coûteront les modèles d’intelligence artificielle d’OpenAI à l’administration américaine pour les douze mois à venir. L’annonce a été faite ce mercredi par la General Services Administration (GSA) – l’équivalent de la centrale d’achat de l’État fédéral – et par la start-up elle-même. Un prix symbolique. Mais un symbole lourd de sens. Car cette opération de charme ressemble fort à un pacte noué entre une puissance publique en quête d’efficacité et un champion privé avide d’ancrage institutionnel.

OpenAI n’est pas arrivé là par hasard. Depuis des mois, son patron Sam Altman et ses lieutenants ont multiplié les rencontres à Washington, tissant des liens avec la GSA, la FDA et les multiples tentacules bureaucratiques de l’État fédéral. En toile de fond, un rapprochement silencieux mais résolu avec l’administration Trump, revenue aux affaires depuis janvier.

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Le 23 juillet, certains des dirigeants de la licorne californienne figuraient parmi les invités triés sur le volet d’une soirée privée organisée par le Hill and Valley Forum. Parmi les convives, de hauts fonctionnaires chargés de piloter la politique de l’IA au sein de l’État, ainsi que des figures de l’écosystème technologique comme Alexandr Wang (Meta Superintelligence Labs) ou des représentants de Palantir, autre habitué des couloirs du pouvoir.

Trump et l’IA : le plan d’action accéléré

Mardi, la GSA a officialisé l’intégration de trois modèles – Claude d’Anthropic, Gemini de Google et ChatGPT d’OpenAI – à son catalogue de solutions numériques. Le tout s’inscrit dans le “Trump AI Action Plan”, cette feuille de route présidentielle qui entend faire des États-Unis la locomotive mondiale de l’innovation algorithmique. Une ambition politique, mais aussi industrielle. Car l’État américain, gigantesque réservoir de données et de services, est une cible rêvée pour les fournisseurs d’IA.

Le même jour, OpenAI a levé un coin du voile sur deux modèles en open-weight, les premiers depuis 2019. Un virage stratégique : ces modèles peuvent être hébergés localement, personnalisés à la carte et, surtout, adaptés aux exigences strictes de sécurité des administrations. L’enjeu est clair : séduire des partenaires publics, y compris dans les secteurs les plus sensibles.

Sous l’impulsion d’Elon Musk, le DOGE – Department of Government Efficiency – a renforcé les efforts d’automatisation étatique. Une initiative remarquée : un chatbot interne, GSAi, et des régulations entièrement réécrites par IA au Département du Logement. L’État se réinvente en entreprise numérique.

Une valse entre la Silicon Valley et la Maison Blanche

OpenAI a compris la partition. Pour déployer ses modèles à grande échelle, elle doit s’adosser à la puissance publique. Et pour séduire cette dernière, rien ne vaut une offre irrésistible : un accès quasi gratuit, une personnalisation à la carte, et la promesse – non contractuelle – de ne pas recycler les données fédérales dans ses apprentissages.

Mais le calcul va dans les deux sens. L’État fédéral lorgne sur ces outils pour moderniser ses systèmes, alléger ses lourdeurs, et peut-être, retrouver un souffle de compétitivité. Le Pentagone, qui disposera en 2026 d’un budget de plus de 1 000 milliards de dollars, s’annonce comme un client à très haute valeur ajoutée.

En mai dernier, Sam Altman accompagnait Donald Trump dans une tournée moyen-orientale, parsemée d’annonces économiques aux relents géostratégiques. Quelques semaines plus tôt, l’exécutif dévoilait Stargate, une méga-infrastructure de données pilotée par OpenAI.



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