Les Etats-Unis vont construire une centrale nucléaire… sur la Lune

Un mini-réacteur nucléaire sur la Lune ? C’est le pari stratégique de la NASA pour garantir une présence durable face aux ambitions russes et chinoises.

Il n’y aura pas de présence américaine durable sur la Lune sans réacteur nucléaire. Voilà l’aveu, à peine voilé, d’une directive de la NASA relayée mardi par plusieurs médias américains. Alors que le programme Artémis, lancé sous Donald Trump, prévoit un retour d’astronautes sur la Lune dès mi-2027, l’agence spatiale accélère désormais une autre manœuvre : l’installation d’un petit réacteur nucléaire lunaire d’ici à 2030.

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Officiellement, il s’agit de répondre aux exigences énergétiques d’une base habitée dans un environnement hostile — nuits lunaires de deux semaines, températures extrêmes, zones d’ombre perpétuelle. Officieusement, il s’agit aussi de ne pas laisser Moscou et Pékin imposer les règles du jeu spatial.

L’idée d’un réacteur lunaire ne date pas d’hier. Depuis plusieurs années, la NASA étudie cette solution pour garantir une production continue d’énergie, y compris dans des régions sans lumière solaire, comme le pôle Sud lunaire, où les Américains, les Chinois et les Russes concentrent aujourd’hui leurs efforts. Contrairement au solaire, limité par les cycles jour/nuit, un réacteur nucléaire pourrait fonctionner 24 heures sur 24, en toute saison.

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Un appel d’offres va être lancé. Il portera sur un dispositif capable de produire au moins 100 kilowatts d’électricité — l’équivalent de la consommation de 75 foyers américains. Rien d’extravagant en soi, mais suffisant pour faire tourner des modules d’habitation, des systèmes de communication, des laboratoires scientifiques et, à terme, peut-être, des installations d’extraction de ressources.

Artémis et le retour du nucléaire dans la conquête spatiale

Ce projet signe aussi un retour en grâce discret de l’énergie nucléaire dans la projection de puissance américaine. Après des décennies de prudence, l’atome devient à nouveau une technologie de souveraineté, y compris hors sol. Une infrastructure invisible mais déterminante, comme l’ont été les câbles sous-marins pour Internet ou les satellites pour le GPS.

Mais les choses sont loin d’être simples à Washington. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump hésite. Officiellement à l’origine du programme Artémis, il critique aujourd’hui son coût et ses retards, et laisse entendre que la Lune pourrait être évitée au profit de Mars, l’autre grand fantasme spatial américain. Un changement d’orbite qui doit beaucoup à Elon Musk, conseiller informel du président et obsessionnel notoire de la planète rouge. Mais la récente dispute entre les deux hommes en juin a rebattu les cartes. Résultat : la Lune redevient un objectif clair et visible.

Et pour cause. À la différence de Mars, la Lune est proche, accessible, militarisable, et surtout déjà convoitée. L’histoire spatiale s’accélère à mesure que s’y projettent des logiques de territoire, de droit et de puissance. On n’y va plus pour planter un drapeau, mais pour sécuriser une présence. La course au nucléaire lunaire, si elle peut paraître anecdotique dans sa dimension technique, incarne donc une bascule beaucoup plus vaste.



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