Combien gagne Thomas Buberl, le patron d’AXA ?

Le PDG d’AXA Thomas Buberl a perçu 6,2 millions d’euros en 2024. Une rémunération qui soulève des questions sur la gouvernance et la justice sociale.

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Combien gagne un dirigeant d’un géant de l’assurance dans un monde d’incertitudes, de risques systémiques et de transition climatique ? Pour Thomas Buberl, PDG d’AXA depuis 2016, la réponse est : 6,2 millions d’euros en 2024. Une somme qui le place dans une zone médiane des grands patrons européens, mais qui en dit long sur les tensions qui traversent aujourd’hui la gouvernance des grandes entreprises.

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Une rémunération découpée au scalpel

Sur le papier, la structure est irréprochable : 1,7 million d’euros en fixe, 2,4 millions en variable annuelle, 1,8 million en actions différées, le reste en avantages divers et retraite (300 000 euros au total). Chaque composant répond aux canons modernes de la gouvernance d’entreprise : objectifs mesurables, transparence, incitations de long terme. Le tout validé par les actionnaires. Mais cette précision chirurgicale n’éteint pas la question essentielle : combien est-ce trop ?

Thomas Buberl ne fait pas partie des patrons les mieux payés d’Europe. Son homologue chez Zurich Insurance touche 10,3 millions d’euros, celui d’Allianz, 7,5 millions. AXA aime à rappeler que son PDG gagne 25 % de moins que la moyenne de ses concurrents directs. Mais ces comparaisons ont leurs limites. Le salaire d’un dirigeant ne se justifie pas par celui de son voisin. Il se justifie par la capacité à créer de la valeur sans détruire la confiance.

L’équation sensible du capitalisme du XXIe siècle

Le cas Thomas Buberl illustre cette équation instable : il faut attirer les talents mondiaux tout en respectant la soutenabilité sociale de leur rémunération. La tension est ancienne, mais elle devient aiguë dans une époque de suspicion généralisée envers les élites économiques. D’autant plus quand les entreprises qu’ils dirigent opèrent dans des secteurs critiques comme l’assurance.

AXA gère plus de 800 milliards d’euros d’actifs. Son PDG est le gardien d’un système. Or, depuis la pandémie, les attentes à l’égard de ces gardiens ont changé. On ne leur demande plus seulement de maximiser les rendements, mais aussi de rendre des comptes à la société, sur l’impact environnemental, sur la solidarité en cas de crise, sur la gouvernance.

Un dirigeant à l’empreinte stratégique réelle

Il faut le reconnaître : Thomas Buberl n’est pas un figurant dans son entreprise. Depuis sa nomination à 43 ans, il a profondément redessiné le périmètre d’AXA. Vente des activités vie aux États-Unis, recentrage sur les assurances dommages, montée en puissance d’AXA XL… La transformation est réelle, et les résultats suivent. Le chiffre d’affaires dépasse les 110 milliards d’euros. La solvabilité est au plus haut (216 %). En avril, son mandat a été prolongé à l’unanimité jusqu’en 2030. La reconnaissance est là.

Mais même les bons bilans ne suffisent plus à justifier une rémunération élevée. En 2022, une hausse de 14 % de son fixe et de 21 % de sa variable avait provoqué un malaise, en plein litige sur les indemnisations COVID avec les restaurateurs. Le vote des actionnaires avait certes validé la mesure à 75,2 %, mais le signal était clair : la ligne rouge de la légitimité peut être franchie plus vite qu’avant.

Il faut aussi lire la fiche de paie d’un dirigeant comme un thermomètre de son époque. Celle de Thomas Buberl révèle un monde où les dirigeants ne peuvent plus se contenter d’être performants. Ils doivent être exemplaires. À défaut d’être modestes, ils doivent être justifiables.

Les montants ci-dessus sont des estimations fondées exclusivement sur des informations publiques (textes officiels, déclarations, documents financiers, communiqués, entretiens, article de presse) et sur des hypothèses explicites (barèmes, charges usuelles, fourchettes de cachets/primes). 
Ils sont présentés en fourchettes et ne valent ni audit ni affirmation d’un revenu exact ou exhaustif ; ils peuvent varier selon la période, les contrats et la fiscalité. Le propos est informatif et non diffamatoire et respecte la vie privée (aucune donnée sans lien avec la rémunération). Droit de réponse/correction : redaction@lessentieldeleco.fr.


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