Il y a ceux qui réduisent la voilure, et ceux qui investissent pour élargir le spectre. Lafourcade fait résolument partie de la seconde catégorie. Ce groupe industriel familial, né en 1991 dans les Deux-Sèvres, déploie tranquillement mais sûrement sa stratégie multi-sectorielle, loin des projecteurs.
Depuis 2007, cette PME, toujours détenue à 100 % par la famille fondatrice, a intégré quinze entreprises industrielles. Elle pèse aujourd’hui 120 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 560 salariés. À sa tête, Amaury Lafourcade, qui revendique une vision à rebours des logiques de spécialisation à outrance.
A LIRE AUSSI
Industrie : en Isère, les grandes ambitions de Digigram
Anti-fragile
L’aéronautique ne représente que 15 % de l’activité, loin de la dépendance monoclient que connaissent bien des sous-traitants du secteur. Le reste se partage entre luxe, automobile, nucléaire, défense, agriculture ou encore retail. L’approche est artisanale dans l’exécution, mais stratégique dans l’architecture : du métal à la plasturgie, en passant par la chaudronnerie et l’usinage, Lafourcade veut offrir une palette complète de services industriels, du début à la fin de la chaîne.
En un an, le Groupe a absorbé trois nouvelles sociétés rentables, et enclenché un plan d’investissement de 20 millions d’euros pour restructurer son outil de production. Trois nouveaux bâtiments sortiront de terre d’ici fin 2025, à Frépillon (Val-d’Oise), Fressines et Châtillon-sur-Thouet (Deux-Sèvres). Objectif : regrouper les sites, fusionner les entités mécaniques, moderniser la plasturgie — tout en intégrant des installations photovoltaïques pour couvrir une partie des besoins en énergie. Autoconsommation industrielle et maîtrise des coûts, dans un contexte d’énergie chère : le bon sens, encore une fois.
L’année 2025 s’annonce tendue sur le plan économique, mais Lafourcade garde l’œil sur de nouvelles cibles. En France, d’abord. Mais l’Europe n’est plus un tabou. Le groupe exporte déjà 20 % de sa production. Il avance à pas comptés, mais constants. Et dans un paysage industriel trop souvent marqué par l’urgence ou le renoncement, cette forme de persévérance patiente pourrait bien faire la différence.