Combien gagne Rachida Dati ?

Rachida Dati déclare 6 millions d'euros de patrimoine et 241 164 euros de revenus en 2024. Une transparence surveillée, entre politique et fortune privée.

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Rachida Dati est l’une des figures les plus visibles du gouvernement Bayrou. Revenue au ministère de la Culture en janvier 2024 après une carrière politique marquée par des passages aux plus hauts niveaux de l’État, elle cumule également une trajectoire professionnelle atypique dans le secteur privé. Ministre de la Culture depuis janvier 2024, elle a traversé trois gouvernements successifs (Attal, Barnier, Bayrou), ce qui témoigne de sa position centrale dans l’exécutif macroniste.

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Son maintien au gouvernement a relancé les interrogations sur ses revenus, son patrimoine et la compatibilité de ces éléments avec ses fonctions publiques. En 2024, elle déclare un revenu net total de 241 164 euros, soit un peu plus de 20 000 euros par mois. Mais au-delà du salaire, c’est la construction de sa fortune – aujourd’hui estimée à 6 millions d’euros – qui soulève des questions.

Une rémunération publique conforme mais élevée

Selon sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Rachida Dati a perçu en 2024 quatre sources principales de revenus. Le plus important provient de son activité d’avocate : 116 762 euros nets, versés en début d’année au titre de dossiers antérieurs à sa nomination. En tant que ministre de la Culture, elle a touché 84 907 euros nets pour onze mois d’activité. À cela s’ajoutent ses indemnités locales : 38 710 euros nets en tant que maire du 7ᵉ arrondissement de Paris, et 785 euros en tant que conseillère métropolitaine.

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Ces montants sont conformes aux plafonds réglementaires en matière de cumul de rémunérations publiques. La loi fixe un seuil maximal de 1,5 fois l’indemnité parlementaire, soit environ 148 000 euros bruts par an. Dati a déclaré 125 617 euros bruts cumulés pour ses fonctions de ministre et de maire, en dessous de ce plafond.

Le détail de la rémunération ministérielle permet de mieux comprendre ce chiffre : le traitement brut mensuel d’un ministre français s’établit à 10 490 euros depuis juillet 2023, incluant traitement de base, indemnité de résidence et indemnité de fonction. Le net mensuel varie selon les prélèvements sociaux. En 2024, Rachida Dati perçoit en moyenne 7 719 euros nets par mois, sa prise de fonction datant du 11 janvier.

Un enrichissement accéléré grâce à son activité d’avocate

L’élément le plus spectaculaire de sa trajectoire financière reste l’année 2022. Cette année-là, Rachida Dati déclare 2 078 847 euros nets d’honoraires d’avocate, soit près de 173 000 euros nets par mois. Aucune explication publique n’a été fournie à ce jour sur l’origine de cette somme exceptionnelle. Le contexte laisse penser à des règlements liés à des arbitrages internationaux ou à des dossiers d’entreprise. Ce pic contraste fortement avec les années précédentes, où ses revenus professionnels étaient compris entre 30 000 et 65 000 euros nets par an.

Ce montant a contribué de manière décisive à sa constitution patrimoniale. Dès 2023, elle suspend son activité et la clôture définitivement en janvier 2024, jour de son retour au gouvernement.

Des investissements financiers à haut rendement

En mars 2025, sa déclaration à la HATVP évalue son patrimoine à environ 6 millions d’euros. Le cœur de cet actif repose sur des placements financiers. Ses comptes-titres atteignent 2,8 millions d’euros, investis dans de grandes entreprises européennes comme LVMH, Thales, Allianz, SAP, BNP Paribas, TotalEnergies ou Air Liquide. Elle détient également plus de 2,2 millions d’euros en assurances-vie, 313 000 euros en liquidités et environ 150 000 euros dans un Plan d’Épargne en Actions.

Côté immobilier, elle déclare un appartement de 37 m² situé dans les Hauts-de-Seine, acquis en 2007 pour 238 650 euros, ainsi qu’une maison en Saône-et-Loire estimée à 88 000 euros (dont elle détient l’usufruit à 50%). Des biens situés au Maroc sont mentionnés, sans estimation de valeur.

La performance de ses investissements, selon les données recueillies par la société Hiboo, témoigne d’une stratégie efficace sur le long terme. Certaines actions comme Inditex (Zara) ou Essilor ont généré des rendements annuels supérieurs à 12% sur vingt ans. Le rendement théorique annuel de son portefeuille se situerait entre 150 000 et 300 000 euros, bien que ces revenus du capital ne soient pas détaillés dans ses déclarations.

Des zones d’ombre judiciaires toujours non élucidées

Avec un patrimoine de 6 millions d’euros, Rachida Dati se classe troisième parmi les membres du gouvernement Bayrou, derrière Marc Ferraci (23 millions) et Éric Lombard (21,7 millions). La moyenne patrimoniale du gouvernement s’établit à 2,9 millions d’euros, avec une médiane autour de 1,1 million. Elle se situe donc bien au-delà de la majorité de ses collègues.

Comparée au reste de la population française, sa position est encore plus marquée. Selon Allianz, le patrimoine médian d’un ménage français est de 215 000 euros. Dati détient donc un patrimoine près de 28 fois supérieur à cette médiane.
Ce profil financier s’accompagne de plusieurs procédures judiciaires en cours. Le 22 juillet 2025, la justice a confirmé son renvoi en correctionnelle dans le cadre de l’affaire Renault-Nissan. Elle est poursuivie, aux côtés de Carlos Ghosn, pour corruption passive, trafic d’influence et recel d’abus de pouvoir. En cause, 900 000 euros d’honoraires versés par la filiale néerlandaise RNBV entre 2010 et 2012. L’audience de fixation est prévue le 29 septembre 2025. Le procès n’interviendra qu’après les élections municipales de mars 2026, où elle pourrait être candidate à la mairie de Paris.

D’autres éléments suscitent des interrogations. En juin 2025, un article du Nouvel Obs évoque des virements de 299 000 euros réalisés par GDF Suez entre 2010 et 2011, correspondant à des « honoraires » perçus par Dati. Les documents proviennent d’un cabinet d’avocats liquidé. L’intéressée réfute tout lien contractuel avec l’énergéticien.

En avril 2025, Libération a révélé que 19 pièces de joaillerie de grandes marques (Cartier, Bulgari, Repossi) n’avaient pas été déclarées à la HATVP, alors que leur valeur excède 420 000 euros. La législation impose une déclaration dès qu’un bien dépasse 10 000 euros. Rachida Dati a porté plainte pour diffamation.

Enfin, ses relations avec la société britannique AlphaOne Partners, dirigée par Nicolas Sarkis, nourrissent des soupçons de lobbying dans les années 2012–2014. Elle aurait perçu 300 000 euros pour des activités peu documentées, dans un contexte de relations avec la compagnie pétrolière azerbaïdjanaise SOCAR. Là encore, l’intéressée nie toute activité d’influence.

Entre fortune privée et service public

Rachida Dati incarne une forme particulière de réussite financière au sein de la classe politique française. L’essentiel de sa fortune ne provient pas de son activité publique, mais d’une carrière d’avocate ayant culminé à des niveaux de rémunération importants. Son maintien en responsabilité dans trois gouvernements successifs, après cette période d’enrichissement privé, rend sa situation d’autant plus scrutée.

Les montants ci-dessus sont des estimations fondées exclusivement sur des informations publiques (textes officiels, déclarations, documents financiers, communiqués, entretiens, article de presse) et sur des hypothèses explicites (barèmes, charges usuelles, fourchettes de cachets/primes). 
Ils sont présentés en fourchettes et ne valent ni audit ni affirmation d’un revenu exact ou exhaustif ; ils peuvent varier selon la période, les contrats et la fiscalité. Le propos est informatif et non diffamatoire et respecte la vie privée (aucune donnée sans lien avec la rémunération). Droit de réponse/correction : redaction@lessentieldeleco.fr.


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1 commentaires sur « Combien gagne Rachida Dati ? »

  1. Avec tout ce qu’elle a touché sous la table , heureusement qu’elle est riche, sur notre dos et celui des européens car rien qu’avec le lobbying, elle a dû engranger un maximum.

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