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Les Français aiment le vélo, le foot, parfois le rugby. Mais ils excellent surtout dans une autre discipline : la fraude. Sociale, fiscale, administrative. C’est un sport complet, qui mobilise toutes les catégories, toutes les générations, tous les territoires. À tel point que le gouvernement, à court de recettes, mise désormais sur les tricheurs pour boucler ses budgets. Catherine Vautrin, ministre du Travail, a annoncé vouloir récupérer 13 milliards d’euros avec son nouveau plan « anti-fraude sociale ».
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L’ampleur croissante de la fraude sociale en France
En France, tricher avec les règles est une pratique courante. Et souvent rentable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, le recouvrement des fraudes aux prestations sociales a dépassé pour la première fois le milliard d’euros : 1,1 milliard précisément. L’Assurance maladie représente 450 millions d’euros, dont 70 % à l’initiative de professionnels de santé, via des actes fictifs ou surfacturés. Les allocations familiales pèsent 400 millions. Les contrôles des CAF ont augmenté d’un tiers, et les fraudes détectées atteignent en moyenne 8 000 euros par dossier. L’assurance vieillesse, elle, a donné lieu à 200 millions d’euros de fraudes détectées.
Des fraudes diverses sur tout le territoire français
Réseaux sociaux et petites combines numériques complètent le tableau : faux arrêts de travail vendus sur Snapchat pour quelques dizaines d’euros. L’administration a repéré 5 millions d’euros d’arrêts frauduleux sur internet. Les fausses ordonnances, elles, représentent 11 millions d’euros.
L’Assurance maladie a aussi tapé du poing sur la table : 21 centres de santé ont été déconventionnés l’an dernier. Dont treize du groupe Alliance Vision, accusés de facturer des actes fictifs et de violer les règles de cotation. De nouveaux contrôles visent cette fois les centres d’audioprothèse : 160 sont déjà en cours.
À l’étranger, le combat se poursuit. Sur les 500 000 retraités résidant hors d’Europe, 300 000 vivent en Algérie. Les contrôles ont doublé. Résultat : 750 dossiers frauduleux détectés en Algérie l’an passé.
La fraude fiscale atteint des records historiques
Et puis il y a les aides. Aides à la rénovation énergétique, Compte personnel de formation, bonus écologique, aides à l’apprentissage…
Mais, c’est la fraude fiscale qui reste en tête de classement : 15,2 milliards d’euros recouvrés en 2023. Un record. C’est 600 millions de plus qu’en 2022, et 3,5 milliards de plus qu’en 2019. Les contrôles fiscaux ont bondi de 25 %, notamment chez les gros patrimoines. Le nombre de perquisitions fiscales a, lui, augmenté de 30 %.
Et l’intelligence artificielle s’en mêle. L’administration fiscale s’en sert pour traquer les piscines non déclarées : 140 000 détectées, pour 40 millions d’euros de taxe foncière récupérés.
Des fraudes en ligne, des centres de santé douteux, des retraites fantômes et des apprentis fictifs : le tour de France des tricheurs montre une créativité à toute épreuve. Ici, on contourne les règles comme on respire. Le gouvernement promet des contrôles. Les fraudeurs, eux, innovent sans cesse.