Armor-Lux, l’industriel du vêtement installé à Quimper, a décidé de mettre un pied sur le marché florissant de la seconde main. Officiellement, il s’agit d’« un test » et il n’est pas question de chercher à concurrencer Vinted. Dans les faits, c’est un pas de plus vers un modèle hybride, entre fidélisation, responsabilité environnementale et adaptation à de nouveaux comportements de consommation.
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L’opération a été lancée au début de l’été avec Faume, jeune pousse spécialisée dans l’économie circulaire. Le principe est limpide : les clients envoient les vêtements dont ils ne veulent plus. En retour, ils reçoivent un bon d’achat proportionné à la valeur et à l’état du produit. L’ancienne marinière redevient ainsi monnaie d’échange, puis marchandise.
Une fois reconditionnés, les vêtements repartent en circuit, cette fois dans la logique du réemploi. L’objectif est double : renforcer la fidélité des clients actuels, tout en attirant une génération plus jeune, davantage sensible aux enjeux écologiques. Armor-Lux y voit aussi une manière d’aligner ses actes sur ses engagements RSE. Rien d’anecdotique dans un secteur textile sommé de réduire son empreinte carbone – et qui, rappelons-le, pèse lourd dans la facture environnementale mondiale.
Un marché en forte croissance et un pari mesuré
Pour l’instant, le démarrage reste modeste : quelques ventes et reprises par jour. Il faut du temps pour faire émerger une nouvelle habitude dans un secteur encore dominé par le réflexe du neuf. Mais le terrain semble porteur : selon une étude récente, le marché de la seconde main devrait atteindre 26 milliards d’euros en Europe d’ici 2030, dont un quart pour la France. Une croissance annuelle estimée à plus de 6,5 %.
Dans cette perspective, Armor-Lux n’avance pas à l’aveugle. L’entreprise bretonne, qui réalise 130 millions d’euros de chiffre d’affaires, s’appuie sur un modèle résilient, à la fois industriel et commercial. Près de la moitié de son activité provient des marchés publics et grands comptes – SNCF, La Poste, Vinci – pour qui elle fabrique des vêtements professionnels. Un socle stable, loin des aléas du commerce de détail.