Résumé Résumé
Contrairement à une idée reçue, les maires ne perçoivent pas de salaire, mais une indemnité de fonction. Cette distinction recouvre une réalité juridique : en droit français, les fonctions de maire, d’adjoint ou de conseiller municipal sont gratuites, comme le rappelle l’article L2123-17 du Code général des collectivités territoriales. Mais face à la lourdeur croissante des responsabilités, l’État a mis en place un système d’indemnisation gradué, dont les montants dépendent de la taille de la commune, des fonctions exercées, et parfois de circonstances locales spécifiques.
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Une grille nationale fondée sur l’indice de la fonction publique
Taille de la commune | Pourcentage de l’indice IB 1027 | Indemnité brute mensuelle (2024) |
---|---|---|
Moins de 500 habitants | 25,5 % | 1 048,18 € |
500 à 999 habitants | 40,3 % | 1 656,54 € |
1 000 à 3 499 habitants | 51,6 % | 2 121,03 € |
3 500 à 9 999 habitants | 55 % | 2 260,79 € |
10 000 à 19 999 habitants | 65 % | 2 671,84 € |
20 000 à 49 999 habitants | 90 % | 3 699,47 € |
50 000 à 99 999 habitants | 110 % | 4 521,58 € |
100 000 habitants et plus | 145 % | 5 960,26 € |
Le montant perçu par un maire dépend d’un indice : l’indice brut terminal 1027 de la fonction publique, qui s’élève en 2024 à 4 110,52 euros. C’est à ce socle que sont appliqués des pourcentages variables selon la population municipale. Huit tranches ont été établies, allant de 25,5 % de l’indice pour les communes de moins de 500 habitants (soit 1 048,18 euros bruts mensuels), jusqu’à 145 % pour les villes de plus de 100 000 habitants, où l’indemnité peut atteindre 5 960,26 euros bruts.
Cette hiérarchie vise à refléter l’ampleur des responsabilités : un maire de grande ville gère des budgets massifs, encadre des milliers d’agents, et prend des décisions à fort impact territorial. À l’autre bout de l’échelle, le maire d’un village doit souvent cumuler cette fonction avec une activité professionnelle pour subvenir à ses besoins.
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Des majorations parfois substantielles
La loi autorise plusieurs types de majorations, qui peuvent considérablement faire grimper l’indemnité de base. Certaines sont liées au statut de la commune : 25 % supplémentaires pour les chefs-lieux de département, 20 % pour ceux d’arrondissement, 15 % pour les anciens chefs-lieux de canton. D’autres sont réservées aux stations touristiques classées : elles peuvent appliquer une majoration allant jusqu’à 50 %, notamment pour les communes de moins de 5 000 habitants.
Les situations particulières – commune sinistrée, croissance démographique exceptionnelle, éligibilité à la dotation de solidarité urbaine – permettent également des revalorisations, sous conditions. Dans certains cas, la combinaison de ces facteurs fait plus que doubler l’indemnité initiale. À titre d’exemple, un maire de 3 200 habitants, chef-lieu de canton et à statut touristique, peut toucher 3 499 euros bruts mensuels, contre 2 121 euros sans les majorations.
L’automaticité imposée par la loi depuis 2015
Jusqu’en 2015, les conseils municipaux fixaient par délibération le montant des indemnités dans la limite d’un plafond légal. Mais la loi du 31 mars 2015 a instauré un principe d’automaticité : les indemnités sont désormais versées au taux maximal prévu par la loi, sans qu’un vote soit nécessaire. L’objectif affiché était de protéger les maires de pressions politiques locales et de garantir une égalité de traitement sur le territoire.
Toutefois, cette automaticité a suscité des réticences. Certains maires, notamment en milieu rural, souhaitaient pouvoir renoncer à une partie de leur indemnité. Une proposition de loi en ce sens, portée en 2016 par le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, n’a jamais été adoptée. Dans la pratique, certains édiles contournent la rigidité du système en reversant volontairement leur indemnité à leur commune sous forme de dons.
Certaines communes bénéficient de régimes spécifiques. À Paris, la maire perçoit 7 912 euros bruts mensuels, auxquels s’ajoute une majoration de 25 % en tant que chef-lieu de département, portant le total à près de 9 900 euros. À cela s’ajoutent les indemnités de fonctions intercommunales : Anne Hidalgo touche ainsi plus de 10 000 euros bruts mensuels, en incluant sa vice-présidence de la Métropole du Grand Paris.
À Lyon et Marseille, le système des arrondissements introduit une autre forme de différenciation. Les maires d’arrondissement y perçoivent 2 980 euros bruts mensuels, soit un niveau comparable à celui d’un maire de ville moyenne. Depuis 2018, les maires de communes de plus de 100 000 habitants peuvent en outre bénéficier d’une majoration de 40 %, à condition que cela reste dans l’enveloppe indemnitaire globale du conseil municipal. En pratique, cette mesure reste peu appliquée.
La revalorisation de 2025 : un geste pour les petites communes
Confrontée à une vague inédite de démissions de maires – 2 189 entre 2020 et 2025 –, l’Assemblée nationale a adopté en juillet 2025 une revalorisation ciblée des indemnités. Le principe retenu est celui d’une augmentation dégressive : +10 % pour les maires de communes de moins de 1 000 habitants, +8 % jusqu’à 3 500, +6 % jusqu’à 10 000, et ainsi de suite. Cette réforme vise à corriger une inégalité criante : les maires des petites communes assurent souvent des tâches comparables à leurs homologues urbains, avec beaucoup moins de moyens.
Le maire d’un village de 450 habitants verra ainsi son indemnité passer de 1 048 à 1 153 euros bruts mensuels. Cette progression modeste reste cependant insuffisante pour inverser la tendance. Selon le CEVIPOF, les maires ruraux citent l’isolement, la complexité administrative, et la montée des violences comme les principales raisons de leur découragement.
Des indemnités en deçà des standards européens
Sur le plan international, les maires français apparaissent modérément rémunérés. En Allemagne, les « Bürgermeister » des grandes villes perçoivent jusqu’à 17 000 euros bruts mensuels. En Italie, les indemnités atteignent 13 800 euros pour les métropoles. À l’inverse, certains maires espagnols exercent sans aucune indemnité. En France, la tradition reste marquée par une vision du mandat comme un engagement civique, et non comme une profession à part entière.
Ces écarts s’expliquent par la conception du rôle : dans certains pays, être maire signifie gérer une ville à temps plein, avec des compétences élargies. En France, la situation est hybride : dans les grandes villes, le mandat s’apparente de plus en plus à une fonction exécutive à plein temps ; dans les zones rurales, il reste souvent cumulé avec une activité professionnelle.
La rémunération des maires ne peut se comprendre sans mentionner leur niveau de responsabilité juridique. Le maire est à la fois élu local et représentant de l’État. Il signe les permis de construire, exerce les pouvoirs de police, gère les écoles, la voirie, la sécurité, parfois la crise. La moindre erreur peut engager sa responsabilité pénale, comme l’ont montré plusieurs affaires impliquant des accidents sur la voie publique ou dans des équipements municipaux.
La loi Fauchon de 2000 a tenté de mieux encadrer cette exposition, mais dans les faits, de nombreux maires renoncent à briguer un nouveau mandat de peur d’une mise en cause. En 2024, 2 501 actes de violence à l’encontre des élus ont été recensés, dont 64 % visaient des maires. Les insultes, les menaces, les agressions physiques et les cyberattaques s’ajoutent à la charge mentale du mandat.
Un coût public raisonnable
Malgré les fantasmes, le coût total des indemnités versées aux élus français s’élève à environ 2 milliards d’euros par an. Avec quelque 35 000 maires, cela représente environ 43 000 euros par an et par maire, charges comprises. Ce montant inclut les élus locaux et régionaux, dans un pays où la densité de représentation démocratique est l’une des plus élevées d’Europe : un élu pour 108 habitants.
Depuis 2019, les communes doivent publier chaque année un état récapitulatif des indemnités versées. Certaines, comme Rouen ou Chambéry, vont plus loin en publiant le détail des bulletins de leurs élus. Une exigence de transparence devenue incontournable dans un contexte de défiance citoyenne.
Scandaleux ces revenus ou indemnités de ces élus je comprends mieux pourquoi ils se battent pour décrocher le poste. En attendant les français moyens rament les retraités subissent. Et la jeunesse ne peut plus se projeter. Qui remettra ça en ordre ???