Ce chiffre inquiétant sur les jeunes qui cumulent deux jobs

Malgré un taux d’emploi élevé, près d’un jeune Français sur trois cumule plusieurs emplois. Un symptôme d’une précarité salariale durable.

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Malgré un taux d’emploi mondial historiquement élevé, la stabilité financière reste hors de portée pour une grande partie des travailleurs. En France, près d’un jeune sur trois âgé de 18 à 26 ans déclare cumuler plusieurs emplois. C’est l’un des constats majeurs du rapport People at Work 2025, publié par ADP Research, qui alerte sur une précarité salariale généralisée, affectant particulièrement les jeunes et les travailleurs des économies émergentes.

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Selon l’étude menée auprès de près de 38 000 salariés dans 34 pays, 57 % des travailleurs dans le monde déclarent avoir des difficultés à équilibrer leurs finances en fin de mois. En France, cette proportion atteint 43 %. Pour y faire face, un quart des salariés à l’échelle mondiale (23 %) cumule plusieurs emplois. En France, ce taux est plus modéré (15 %), mais il masque d’importantes disparités générationnelles.

La corrélation entre instabilité financière et multiplication des emplois révèle un paradoxe : l’accès à l’emploi ne suffit plus à sortir de la précarité. Alors même que les indicateurs macroéconomiques affichent une embellie, le quotidien d’une majorité de salariés reste marqué par l’incertitude budgétaire.

Dans de nombreuses régions, cumuler plusieurs sources de revenus devient une nécessité. C’est particulièrement le cas au Moyen-Orient et en Afrique, où 34 % des salariés sont concernés, ainsi qu’en Amérique latine et dans la région Asie-Pacifique (24 % dans les deux cas). Les raisons évoquées par les répondants sont avant tout liées à la satisfaction des besoins essentiels (51 %), à la constitution d’une épargne pour des projets futurs (47 %), ou à la préparation de la retraite (39 %).

Des disparités selon les âges et les genres

Avec seulement 15 % de salariés concernés, la France se situe en dessous de la moyenne mondiale. Elle figure même parmi les dix pays les moins touchés sur les 34 étudiés. Ce chiffre global masque toutefois un clivage générationnel marqué : 28 % des 18-26 ans cumulent plusieurs emplois, contre seulement 10 % des salariés de 40 ans et plus.

La répartition par genre fait également apparaître un léger déséquilibre : 16 % des femmes occupent plusieurs emplois, contre 13 % des hommes. Parmi les femmes concernées, 6 % cumulent trois emplois ou plus, contre 3 % chez les hommes.

Les raisons invoquées en France restent cohérentes avec la tendance mondiale : 41 % disent vouloir couvrir leurs dépenses essentielles, 33 % souhaitent épargner pour un projet, et 32 % préparent leur retraite.

Une frustration économique croissante

L’étude met en évidence une dynamique préoccupante : multiplier les contrats ne protège pas nécessairement contre les difficultés financières. Parmi les salariés disposant de deux emplois, 59 % déclarent rencontrer des problèmes pour boucler leurs fins de mois.

La précarité touche ainsi toutes les configurations, y compris celles qui supposent une plus grande activité. Certains pays affichent des niveaux d’insécurité financière très élevés : 84 % en Égypte, 79 % en Arabie saoudite, 78 % aux Philippines. À l’inverse, la Corée du Sud se distingue avec seulement 18 % de salariés déclarant des difficultés financières.

La France, avec 43 %, reste sous la moyenne européenne (51 %). Le ressenti est toutefois plus marqué chez les femmes (45 %) que chez les hommes (40 %), confirmant la persistance de disparités économiques genrées.

L’étude souligne enfin un écart notable entre la capacité des salariés à couvrir leurs besoins et celle de répondre à leurs envies. En France, 48 % des travailleurs estiment disposer de moyens suffisants pour acheter les biens et services nécessaires, mais seuls 32 % considèrent pouvoir s’offrir ce qu’ils désirent. Ce décalage met en lumière une forme de frustration économique latente, qui dépasse la simple logique de survie.



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