OL : le plan secret de Michele Kang pour sauver le club

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Elle a 66 ans, elle est milliardaire, elle n’a jamais tapé dans un ballon. Et pourtant, c’est elle qui préside aujourd’hui aux destinées de l’Olympique Lyonnais, ce club historique englué dans une saison 2024 calamiteuse. Michele Kang, nouvelle patronne de l’OL et du consortium Eagle Football Group, est une anomalie dans l’écosystème du football professionnel.

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Sa nomination est un fait historique : jamais une femme n’avait dirigé un club masculin dans les cinq grands championnats européens. Mais Michele Kang ne vient pas incarner la parité en vitrine. Elle débarque avec un agenda, une méthode, et une idée assez claire de ce qu’il faut changer – ce qui, dans un football français peuplé d’héritiers, de notables et de financiers pressés, tient déjà de la subversion.

Car il ne faut pas s’y tromper : Michele Kang ne ressemble à personne dans le paysage du foot. Née à Séoul dans une famille où l’on espérait un garçon, elle fait ses classes aux États-Unis, dans les temples de l’élite économique. Yale, Chicago, puis la tech et la défense. En 2008, elle crée Cognosante, boîte pointue dans les systèmes de santé publics, qu’elle revend en 2024 pour près d’un milliard d’euros. Un parcours classique… dans un autre monde. Rien ne la prédestinait au football. Et c’est précisément ce qui la rend intéressante.

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Une arrivée historique

Elle découvre le foot en 2019, tombe amoureuse du jeu en regardant les Américaines triompher en Coupe du monde, puis achète le Washington Spirit. Elle fonde un groupe multiclubs 100 % féminin, injecte des dizaines de millions dans les structures, professionnalise tout ce qui peut l’être. À Lyon, elle commence par la section féminine – qu’elle rebâtit en six mois. Puis vient le saut dans le grand bain : en juin 2024, en pleine crise, elle prend les rênes du groupe Eagle et de l’OL. John Textor, toujours propriétaire, se retire du devant de la scène. Et Kang entre dans l’arène.

Son premier geste : sortir le chéquier. En moins de dix jours, elle sécurise 120 millions d’euros, entre liquidités et garanties. Une opération commando qui sauve le club de la banqueroute et lui vaut un respect immédiat – y compris de la part des plus sceptiques. Mais derrière l’urgence financière, une vision. Rigoureuse, exigeante, à long terme. Pas de grandes déclarations, pas de storytelling façon “football est une famille” : Kang parle KPI, cash-flow, infrastructures. Et ça change tout.

Une stratégie pour transformer l’OL

Sa méthode ? Appliquer au foot les standards de l’entreprise : performances mesurées, objectifs clairs, équipes structurées. Mais aussi penser la pratique féminine pour ce qu’elle est : un espace à part entière, avec ses besoins, ses logiques, ses exigences. Nouveau centre d’entraînement, staff dédié, professionnalisation de la préparation. Le football n’est plus une affaire d’hommes, et encore moins un supplément d’âme dans un business masculin. C’est un marché, un vivier, un levier. Elle l’a compris avant tout le monde.

Évidemment, son arrivée ne fait pas l’unanimité. Trop américaine, trop radicale, trop femme. Le vieux monde a ses codes, et l’OL, ses réseaux. Certains grincent. D’autres temporisent. Elle avance. Et le terrain commence à suivre : affluence en hausse, résultats prometteurs chez les féminines, arrivée de joueuses stars, retours positifs des sponsors.

Mais le plus dur reste à faire. Remettre sur pied une équipe masculine en déroute, restaurer une crédibilité sportive, assainir les finances sans sombrer dans l’austérité punitive. Et surtout, faire accepter qu’une gouvernance au féminin n’est pas une parenthèse exotique, mais une hypothèse durable. Là où tant d’acteurs du football ne pensent qu’à six mois, elle vise dix ans.



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