Trois absents sur huit autour de la table : ce n’est pas tout à fait un boycott, mais c’est déjà un signal fort. En refusant de participer à la phase de concertation ouverte par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, la CGT, FO et la CFE-CGC ont choisi de marquer leur opposition à une réforme dont les grandes lignes semblent déjà écrites. Un passage obligé néanmoins, préalable à l’envoi des documents de cadrage sur les trois négociations lancées par l’exécutif – assurance-chômage, jours fériés, droit du travail. Et malgré le fauteuil vide de certains, l’agenda ne bougera pas : envoi prévu pour la fin juillet.
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La CFDT, de son côté, a choisi d’écouter. Reçue lundi, aux côtés de la CFTC, Marylise Léon n’a pas mâché ses mots en découvrant les grandes orientations : « un carnage total ». Ce n’est pas tant l’objectif d’économies qui surprend – entre 2 et 2,5 milliards par an de 2026 à 2029 – que le rythme d’exécution : 700 millions à 1,1 milliard dès la première année. Puis, en régime de croisière, une facture annuelle comprise entre 3,2 et 4 milliards. Des chiffres rarement atteints par le passé.
Un objectif d’économies ambitieux
Sauf que ce n’est pas totalement nouveau. En 2022, la réforme voulue par le gouvernement Borne avait déjà abaissé d’un quart les durées d’indemnisation, pour un gain estimé à 4,1 milliards dès 2025. Deux ans plus tôt, les règles de l’époque Philippe – calcul plus strict, dégressivité accélérée, durée d’affiliation rallongée – avaient permis d’économiser 2,2 milliards par an. À titre de comparaison, les réformes co-négociées par les partenaires sociaux en 2017 et 2024 ont produit, elles, entre 0,9 et 1,5 milliard d’économies. Le différentiel parle de lui-même.
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Le nouvel effort demandé repose en grande partie sur un durcissement des conditions d’accès : il faudrait désormais avoir travaillé huit mois sur les vingt derniers, contre six sur vingt-quatre aujourd’hui. Cela réduirait la durée maximale d’indemnisation à quinze mois. Le ministère entend également limiter les droits après rupture conventionnelle, jugée trop souvent utilisée pour contourner les règles.
Un calendrier serré pour une réforme imposée
Face à cette mécanique bien huilée, les syndicats cherchent encore leur angle d’attaque. Le patronat, lui, ne dit rien – ce qui, en langage social, vaut approbation tacite. La CFDT se donne jusqu’à la rentrée pour fixer sa position. Mais l’espace de négociation est étroit. Et la ligne rouge, déjà tracée : en l’absence d’accord d’ici au 15 novembre, le gouvernement reprendra la main.
Les autres dossiers – jours fériés, droit du travail – suivent le même tempo, avec des échéances à fin septembre et fin décembre. Même cadre, même méthode. Même logique.