Bee, l’intelligence artificielle qui vous suit partout

Amazon rachète Bee, le bracelet connecté à l'IA qui vous aide à penser, mémoriser et agir.

Afficher le résumé Masquer le résumé

Amazon a annoncé l’acquisition prochaine de Bee, une start-up californienne spécialisée dans les objets connectés pilotés par intelligence artificielle. L’opération, révélée le 22 juillet par la cofondatrice Maria de Lourdes Zollo sur LinkedIn et confirmée par Amazon, vise à réintégrer un marché stratégique que le groupe avait quitté en 2023 avec l’arrêt de sa gamme Halo. Au-delà de l’aspect financier, ce rachat marque un repositionnement clair d’Amazon dans le domaine de l’intelligence artificielle embarquée, avec un objectif : rendre Alexa mobile, discrète et contextuelle.

Retour stratégique après l’échec de Halo

La gamme Halo avait été abandonnée après moins de trois ans de commercialisation. Amazon n’était pas parvenu à s’imposer sur le segment des bracelets connectés, déjà occupé par Apple, Fitbit et Samsung. Les produits Halo proposaient pourtant des fonctionnalités avancées, comme la modélisation 3D du corps ou l’analyse vocale de l’humeur, mais ces choix techniques avaient suscité des inquiétudes sur la vie privée. Le positionnement entre santé et bien-être, jugé flou, et l’intégration tardive d’Alexa n’avaient pas suffi à convaincre les consommateurs.

Dans un contexte de réduction des coûts engagé par Andy Jassy, Amazon avait interrompu plusieurs projets expérimentaux. Un an plus tard, l’acquisition de Bee montre une volonté de réinvestir ce champ avec une approche différente, centrée sur l’IA personnelle et une interaction continue, mais non intrusive.

A LIRE AUSSI
Amazon : un virage risqué vers le nucléaire

Bee a été fondée en 2022 à San Francisco par Maria de Lourdes Zollo, ex-responsable de Twitter Spaces, et Ethan Sutin, ancien ingénieur chez Twitter, Squad et Telegram. L’équipe comprend des anciens de grandes entreprises technologiques (Cruise, TikTok, Tencent, Uber) et a levé 7 millions de dollars en juillet 2024 pour développer son premier produit : le Bee Pioneer.

L’objectif de Bee est de proposer un assistant d’IA personnelle capable de fonctionner en tâche de fond, sans activation explicite, et sans écran. L’appareil capte les échanges verbaux, les traite localement, puis s’appuie sur des modèles d’IA existants pour produire des résumés, des rappels, ou des tâches.

La philosophie de Bee repose sur une idée simple : rendre l’IA utile au quotidien sans ajouter de complexité. « Nous voulons créer un compagnon, pas un outil », résumait la start-up.

Un bracelet sans écran, mais à l’écoute en permanence

Le Bee Pioneer se présente comme un petit galet, sans écran, doté de deux microphones directionnels et d’un seul bouton multifonction. Il peut être porté au poignet ou accroché aux vêtements. Il écoute en continu l’environnement sonore, filtre les bruits, et envoie l’audio au smartphone via Bluetooth. La transcription est effectuée localement, puis les données textuelles sont traitées dans le cloud par des modèles comme GPT-4 ou Claude.

Le système génère automatiquement des synthèses, des listes de tâches ou des rappels, accessibles dans une application compagnon. L’ensemble forme une sorte de mémoire numérique personnelle. Le dispositif est vendu 49,99 dollars, avec un abonnement mensuel de 19 dollars. Bee ne développe pas ses propres modèles, mais mise sur l’intégration soignée des technologies existantes, avec un effort particulier sur la simplicité d’usage et le respect de la vie privée.

Alexa+ devient mobile avec Bee

Amazon a récemment lancé Alexa+, une version avancée de son assistant vocal, capable de gérer des actions complexes : organisation d’événements, achats en ligne, navigation web, gestion de calendrier. Cette évolution repose sur les modèles développés en interne (Nova) ainsi que sur ceux d’Anthropic (Claude), dans lesquels Amazon a investi plus de 8 milliards de dollars.

L’intégration de Bee permettrait de prolonger Alexa+ au-delà des enceintes Echo, en introduisant une continuité entre l’espace domestique et l’environnement extérieur. Le Bee Pioneer pourrait ainsi devenir une interface mobile pour Alexa, capable de capter des données contextuelles en temps réel et de renforcer la pertinence des réponses.

L’équipe de Bee, désormais intégrée à Amazon, travaille sous la direction de Panos Panay et Nick Komorous. Leur expertise en prototypage rapide et en design modulaire vise à accélérer le développement de nouveaux objets connectés dans l’écosystème Alexa.

Le marché des objets connectés basés sur l’IA est en plein bouillonnement. Meta a vendu plus de deux millions de lunettes Ray-Ban Meta, intégrant ses modèles d’intelligence artificielle. Apple prépare une paire de lunettes de réalité augmentée pour 2026. Google et Samsung collaborent sur une plateforme Android XR. OpenAI s’est associé à Jony Ive pour concevoir un appareil post-smartphone sans écran.

Ces initiatives se heurtent à une forte volatilité du marché. Le Humane AI Pin, lancé à 699 dollars, a été retiré après seulement 10 000 ventes. Le Rabbit R1, pourtant médiatisé, n’a pas répondu aux attentes. Les produits les plus adoptés restent ceux qui combinent utilité immédiate, clarté d’usage et intégration fluide dans l’écosystème existant, comme l’Apple Watch ou les Ray-Ban Meta.

Bee mise sur ces trois leviers : un appareil simple, abordable, pensé pour fonctionner avec les services d’Amazon.

Un modèle fondé sur la confidentialité

Bee a construit sa réputation sur une gestion prudente des données. L’entreprise assure que les enregistrements ne sont jamais stockés, que les transcriptions se font localement, et que les données peuvent être supprimées à tout moment. Les informations ne sont pas utilisées pour entraîner les modèles.

Ces promesses seront mises à l’épreuve de l’intégration dans l’environnement Amazon. En 2023, l’entreprise a été sanctionnée à plusieurs reprises pour des pratiques jugées intrusives : conservation illégale d’enregistrements d’enfants via Alexa, accès non autorisé à des vidéos personnelles via Ring, activation par défaut du réseau Sidewalk. Ces cas ont suscité des critiques sur l’insuffisance du consentement utilisateur.

L’arrivée de Bee sur le marché européen impliquera une mise en conformité stricte avec le RGPD. L’enregistrement en continu, même sans stockage, pourrait être considéré comme problématique. Des ajustements techniques seront probablement nécessaires avant tout lancement sur ce territoire.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire