Industrie automobile : Forvia plombé par l’hydrogène… et par Stellantis

Fragilisé par la chute de Symbio et le désengagement de Stellantis, Forvia ajuste sa stratégie tout en affirmant sa résilience face aux défis industriels.

Il y a des révolutions industrielles qu’on attend, qu’on anticipe, qu’on finance — et puis qui trébuchent. Celle de l’hydrogène en est une. Forvia, l’un des champions français de l’équipement automobile, vient d’en faire les frais. Avec une perte nette de 269 millions d’euros au premier semestre, le groupe accuse le coup d’une technologie encore fragile et d’un partenaire en retrait.

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Le choc principal : une dépréciation de 136 millions d’euros sur Symbio, la coentreprise dans l’hydrogène autrefois soutenue par Michelin et Stellantis. Ce dernier, en abandonnant le développement des piles à combustible, a fait vaciller un édifice industriel encore jeune. Plus de 80 % de l’activité de Symbio dépendait de Stellantis. Une dépendance mortelle, révélée en plein vol.

Cela n’empêche pas Forvia de garder le cap. Le groupe confirme ses objectifs financiers annuels, preuve d’une forme de résilience dans un contexte pourtant chahuté. L’hydrogène, dit son nouveau patron Martin Fischer, « reste une conviction », mais les investissements seront ralentis, en ligne avec un marché qui n’a pas encore tenu ses promesses.

Le plan Simplify de Forvia pour réduire les coûts fixes

Pour résister, Forvia lance « Simplify », un plan de réduction des coûts censé alléger de 110 millions d’euros les charges fixes d’ici 2028. Un nom qui dit tout : moins de complexité, plus de lisibilité. À défaut d’un grand bond technologique, l’heure est à la rigueur opérationnelle.

Sur le terrain, les signaux sont contrastés. Les ventes reculent légèrement, de 0,4 %, pénalisées par les effets de change. Mais la marge opérationnelle, elle, progresse, atteignant 5,4 %. Et le cash-flow net, un indicateur vital dans une phase de désendettement, double à 418 millions d’euros. Moins de dépenses d’investissement, plus de liquidités : une stratégie prudente mais efficace.

Cette capacité à préserver la rentabilité malgré la pression sur les volumes témoigne d’une gestion serrée. La priorité : restaurer la structure financière du groupe. L’optimisation des flux de trésorerie et la discipline budgétaire deviennent des leviers centraux dans une période où les paris technologiques se heurtent à la réalité industrielle.

Martin Fischer, PDG depuis début 2024, incarne cette ligne. Moins spectaculaire que ses prédécesseurs, il donne le ton : prudence, recentrage, et exécution rigoureuse. Le plan Simplify en est l’expression concrète.

Contexte géopolitique et enjeux industriels à venir

L’autre incertitude vient de Washington et Bruxelles. Le nouveau compromis transatlantique sur les droits de douane automobiles, limité à 15 %, ne change pas la donne pour 2025. Mais il évite le pire, dans un monde où chaque barrière tarifaire devient un frein potentiel à l’optimisation des chaînes de valeur mondialisées. Pour Olivier Durand, le directeur financier, c’est un « moindre mal » qui stabilise les anticipations.



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