Résumé Résumé
Bruno Retailleau ne cache plus ses ambitions présidentielles pour 2027. Depuis son arrivée place Beauvau en 2024, puis sa prise de contrôle des Républicains en mai 2025, chaque aspect de sa trajectoire personnelle et financière est scruté à la loupe. Ses revenus attirent donc l’attention : traitement ministériel, avantages en nature, patrimoine personnel… Tout est passé au crible par ses adversaires comme par les instances de contrôle.
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Un traitement ministériel encadré
Depuis son entrée au gouvernement Bayrou, Bruno Retailleau touche chaque mois une rémunération composée de trois éléments fixés par le décret n° 2012-983 du 23 août 2012. Son traitement de base s’élève à 8 305 euros bruts, auquel s’ajoutent une indemnité de résidence de 249 euros bruts – correspondant à 3 % du traitement, Paris relevant de la zone 1 – et une indemnité de fonction de 2 138 euros bruts, équivalente à 25 % de la somme précédente.
Le total atteint ainsi 10 692 euros bruts par mois, soit environ 8 130 euros nets après déductions sociales. À l’échelle annuelle, cette rémunération représente 128 304 euros bruts. Elle se situe dans la moyenne des ministres de plein exercice sous la Ve République.
En complément de sa rémunération, le ministre bénéficie d’un logement de fonction, plafonné à 80 m² sauf dérogation, dont la valeur locative cadastrale est intégrée dans l’assiette fiscale. Il dispose également d’un véhicule avec chauffeur, de titres de transport SNCF en première classe, et d’une enveloppe annuelle de 150 000 euros pour ses frais de représentation. Cette dotation fait l’objet d’un contrôle a posteriori par les services du Premier ministre.
Tous ces avantages sont encadrés par la réglementation en vigueur, soumis aux cotisations sociales, et doivent être déclarés à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Cumul de mandats
Avant de rejoindre la place Beauvau, Bruno Retailleau cumulait plusieurs fonctions électives : sénateur de la Vendée, président du groupe Les Républicains au Sénat, et conseiller régional des Pays-de-la-Loire. En 2024, il a perçu 10 mois d’indemnités parlementaires (71 109 euros nets), 12 mois d’indemnités régionales (22 849 euros nets) et 4 mois de traitement ministériel (31 355 euros nets).
Ce cumul a porté ses revenus nets à 125 313 euros pour l’année. Ce montant constitue le point culminant de sa carrière financière, juste avant la bascule vers l’exécutif. Depuis octobre 2024, il ne perçoit plus d’indemnité parlementaire. Son traitement de ministre reste en dessous du plafond légal, fixé à 8 435 euros bruts mensuels pour le cumul des rémunérations électives. Aucun écrêtement n’est nécessaire.
Un patrimoine net de 1,15 million d’euros
La déclaration de situation patrimoniale déposée en février 2025 dresse un inventaire précis des avoirs du ministre. Son patrimoine immobilier, intégralement situé en Vendée, est évalué à 580 350 euros. Il comprend une maison principale de 540 m² estimée à 420 000 euros, une résidence secondaire de 100 m² sur 4 hectares (80 000 euros), un terrain agricole (350 euros), et une maison détenue à 50 % (80 000 euros). Deux de ces biens proviennent de donations familiales antérieures à son engagement politique.
Son épargne atteint 336 431 euros, répartis entre un Livret A, plusieurs comptes d’épargne au Crédit Agricole, et quatre comptes CAREL. Cinq contrats d’assurance-vie souscrits entre 1989 et 2023 représentent un capital de rachat de 173 150 euros.
Côté biens mobiliers, il déclare une bibliothèque valorisée à 13 000 euros, un dressing sur mesure à 12 000 euros, et un tableau estimé à 10 000 euros. Ses deux véhicules Citroën – une C3 de 2010 et un C5 Aircross de 2020 – sont évalués à 1 000 euros et 19 006 euros respectivement.
Un prêt immobilier de 50 000 euros contracté en mars 2020 a été remboursé à hauteur de 38 240 euros. Le solde restant dû, de 11 760 euros, devrait être apuré d’ici fin 2026. Une fois le passif déduit, le patrimoine net de Bruno Retailleau ressort à 1,152 million d’euros, le plaçant au 16ᵉ rang des membres du gouvernement Bayrou. À titre de comparaison, la moyenne patrimoniale des ministres dépasse les 2,9 millions d’euros.
Régime fiscal et contrôle déclaratif
Les traitements ministériels sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, sans abattement spécifique. Depuis l’entrée en vigueur du décret 2025-532, ils relèvent du régime général de la Sécurité sociale dès le premier euro et supportent les contributions CSG-CRDS à hauteur de 9,7 %, ainsi qu’une cotisation vieillesse plafonnée à 6,9 %.
Les indemnités parlementaires perçues jusqu’en 2024 ont bénéficié d’un abattement forfaitaire pour frais d’emploi de 661,20 euros par mois. À ce jour, aucun redressement n’a été engagé par l’administration fiscale ou la HATVP à l’encontre du ministre. Les déclarations d’intérêts et de patrimoine déposées les 21 et 22 février 2025 ont été jugées cohérentes après examen des données fiscales, bancaires et notariales.
Un profil prudent et sans exposition spéculative
L’analyse qualitative du patrimoine de Bruno Retailleau confirme un profil d’épargne traditionnel, avec une forte préférence pour les supports à capital garanti. Les livrets d’épargne réglementés et les assurances-vie en fonds euros dominent largement. Seule incursion dans le domaine boursier : la détention de 65 parts du Crédit Agricole, qui ont généré 97 euros de dividendes en 2024.
Il ne détient aucune société civile immobilière, ni aucune participation dans une entreprise privée ou une start-up. Cette prudence patrimoniale réduit d’autant les risques de conflits d’intérêts, dans un contexte de contrôle renforcé des conflits entre fonctions publiques et intérêts privés.