Obésité et diabète de type 2 dans le viseur de la start-up Ciloa

Obésité, diabète : la start-up montpelliéraine Ciloa mise sur une technologie inédite pour vectoriser une hormone clé via des exosomes.

A Montpellier, la jeune société de biotechnologie Ciloa vient de décrocher 6,5 millions d’euros dans le cadre de l’appel à projets « Biothérapies et Bioproduction de Thérapies Innovantes » du plan France 2030, sous l’égide de Bpifrance. Une enveloppe décisive pour accélérer le développement d’un programme thérapeutique encore inexploré, fondé sur une technologie de bioproduction d’exosomes et ciblant deux fléaux sanitaires mondiaux : l’obésité et le diabète de type 2.

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Industrialiser les exosomes thérapeutiques

L’entreprise s’est spécialisée dans ces minuscules vésicules que nos cellules produisent naturellement, capables de transporter des signaux biologiques d’une cellule à l’autre. Mais ici, l’ambition dépasse la simple compréhension du mécanisme : Ciloa a conçu un procédé industriel permettant de générer en laboratoire des exosomes à haute pureté et fonctionnalité. Un outil qui ouvre des perspectives, notamment dans le champ des maladies métaboliques.

C’est là qu’intervient un acteur biochimique bien connu des chercheurs : l’adiponectine. Cette hormone sécrétée par le tissu adipeux est étudiée depuis plus de vingt ans pour ses effets protecteurs sur le métabolisme, l’inflammation ou encore la sensibilité à l’insuline. Son potentiel est documenté. Mais aucun traitement fondé sur cette molécule n’a encore vu le jour. Faute de stabilité. Faute de biodisponibilité. Faute d’une bonne formulation.

Un verrou vient peut-être de sauter. Des études récentes ont montré que seule une fraction bien précise de l’adiponectine, celle véhiculée par les exosomes, possède une réelle activité biologique. C’est ce fil que Ciloa a décidé de tirer. L’objectif : produire une adiponectine stabilisée, fonctionnelle, véhiculée directement par des exosomes. Une combinaison que la société est désormais capable de générer de manière reproductible, en environnement contrôlé.

Une approche innovante

Les premiers résultats en préclinique – sur modèles animaux – sont prometteurs. En synergie avec les stars actuelles du marché, les agonistes du GLP-1 développés par Novo Nordisk et Eli Lilly, l’adiponectine vectorisée améliore sensiblement plusieurs paramètres : réduction de la masse grasse, meilleure sensibilité à l’insuline, moindre stéatose hépatique. Le tout sans perte musculaire, avec un profil de sécurité jugé satisfaisant, même à doses élevées.

Reste à franchir l’étape clinique. Un saut d’autant plus délicat que les exosomes de bioproduction restent, à ce jour, une catégorie peu balisée sur le plan réglementaire. Pour convaincre, Ciloa devra démontrer la qualité, la reproductibilité et la sécurité de son procédé. L’entreprise a déjà conçu une chaîne de production fermée, pensée pour minimiser le stress cellulaire et préserver l’intégrité des vésicules. Le procédé fonctionne en salle blanche à l’échelle de deux litres. Il faut maintenant passer à l’échelle industrielle, en partenariat avec une CDMO.

L’aide de Bpifrance constitue un tremplin. Mais pas une garantie. Ciloa devra encore sécuriser de nouveaux financements pour produire ses premiers lots cliniques et tenir son calendrier : un début de phase I annoncé pour 2027. Une levée de fonds est déjà lancée.



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