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C’est une musique ancienne mais toujours jouée, avec ses refrains faciles, ses cibles désignées, ses boucs émissaires commodes : les retraités. Ces Français qui, après une vie de labeur, se retrouvent aujourd’hui jetés dans le chaudron des « privilégiés », accusés à demi-mot de coûter trop cher, de peser trop lourd, d’être les assistés d’un système à bout de souffle. Mais que dit vraiment la réalité, loin des éléments de langage ?
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Les retraités, nouvelle cible de Bayrou
Une réforme fiscale qui pénalise les retraités isolés
Le projet de réforme présenté par François Bayrou puis repris par Sébastien Lecornu dans sa présentation de politique générale le 14 octobre, infligerait une double peine aux retraités.
Première entaille : Le budget de la Sécurité sociale prévoit lz « gel de l’ensemble des retraites de base » en 2026 ainsi qu’un gel de « prestations sociales ». A partir de 2027 et les années suivantes, les pensions continueront d’être sous-indexées de 0,4 point par rapport à l’inflation.
Deuxième coup de lame : la fin de l’abattement fiscal de 10 %, remplacé par un forfait unique de 2 000 euros par part fiscale.
Des disparités ignorées entre couples aisés et veuves modestes
Un retraité seul, avec 30 000 euros par an, verra son impôt grimper de 160 euros. Avec 40 000 euros, ce sera 600 euros de plus. Et pendant ce temps, un couple percevant 80 000 euros n’y perdra que 120 euros. Où est la justice fiscale, quand le dispositif prétendument plus équitable pénalise d’abord les solitaires, les isolés, les femmes nombreuses à être veuves, à avoir eu des carrières hachées et des retraites modestes ?
Cette réforme, sous couvert de rationalisation budgétaire, perpétue une injustice structurelle : elle homogénéise une population hétérogène. Elle suppose, sans distinction, que tout retraité est nanti, que sa situation est stable, qu’il vit à deux, qu’il a un patrimoine à faire fructifier. Elle oublie les réalités concrètes : des pensions à peine supérieures au minimum vieillesse, des loyers qui augmentent, des soins qui coûtent, et cette peur sourde de devenir à charge, de ne plus s’en sortir.
Vers une stigmatisation injuste des seniors modestes
Il est temps d’arrêter d’opposer les générations, de dresser le jeune contre le vieux, l’actif contre l’inactif, l’étudiant précaire contre le retraité prétendument doré. Le vivre ensemble commence par la vérité des faits, et la justice sociale ne se décrète pas dans les communiqués de presse. Elle se construit dans l’écoute des fragilités, dans la reconnaissance des diversités, dans le refus de la caricature.
Non, les retraités français ne sont pas tous riches. Beaucoup sont dignes, économes, anxieux. Ils méritent autre chose que d’être les variables d’ajustement d’un État en quête de milliards. Ils méritent, tout simplement, le respect.