Chaque été, le soleil cogne. Et avec lui, une nouvelle couche d’absurdité numérique. Sur TikTok, le réseau des illusions et des micro-glorioles, la brûlure devient tendance, et l’irrationnel s’affiche comme un bronzage : fièrement. On ne parle plus ici de négligence, mais d’un choix assumé, presque militant : s’exposer sans protection pour « designer » son épiderme avec les UV.
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Elles s’appellent « burn lines » ou « sun tattoos ». Ce ne sont pas des marques de mode, mais des traces de brûlure volontairement orchestrées. L’idée ? Se badigeonner sélectivement de crème solaire pour laisser le soleil « dessiner » sur la peau. En clair : prendre un coup de soleil pour avoir un smiley sur l’épaule. Si l’objectif était d’illustrer le gouffre entre progrès technologique et recul intellectuel, c’est réussi.
Les médecins le répètent inlassablement : coups de soleil répétés = risques accrus de cancer. Une vérité médicale basique, validée par l’OMS depuis plus de deux décennies. Mais dans un monde où le nombre de vues pèse plus que l’avis d’un médecin, les avertissements sont traités comme du spam.
Crèmes solaires « maison » : une aberration
Autre signal d’alarme : les crèmes solaires « maison ». Dans une potion souvent composée de beurre de karité, d’huile de coco et de zinc en poudre, certains voient une alternative naturelle. En réalité, c’est une fausse sécurité emballée dans un tutoriel. Il est impossible de créer une crème solaire efficace chez soi. La photochimie n’est pas un art domestique. On ne protège pas sa peau avec des recettes vues entre deux videos virales.
Le danger ne s’arrête pas aux recettes maison. Il prospère aussi sur les sites marchands venus d’ailleurs : Temu, Shein, TikTok Shop. SPF 90+, flacons opaques, packaging flatteur… pour 5,99 €. Sauf que, sous l’étiquette, pas de filtre UV efficace. Parfois, pas de filtre du tout. Quand les marques reconnues peinent à garantir un SPF 50+, certains produits affichent 100 comme on vendrait un soda. La réglementation européenne ? Contournée. Le consommateur ? Trompé.
Le média suisse Kassensturz a testé ces pseudo-écrans solaires. Résultat : des indices réels parfois inférieurs à 10. La promesse d’un bouclier, la réalité d’un piège. Ajoutez à cela le flou des compositions, la multiplication d’ingrédients douteux et des filtres inexistants, et vous obtenez un cocktail toxique servi avec un clic.