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La question paraît simple, presque triviale, comme posée au comptoir d’un bistrot : « Dis, combien elle touche, la maire de Paris ? » Et pourtant, comme souvent dans la République administrative française, derrière l’indemnité d’élu se cache une mécanique à la fois précise et baroque. Barème indiciaire, majorations dérogatoires, écrêtement réglementaire, pension civile, remboursement de frais… L’addition est encadrée au centime près, mais la lisibilité reste brumeuse.
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Anne Hidalgo perçoit 9 204,23 euros bruts par mois pour sa fonction de maire. C’est le résultat d’une mécanique aussi rigide qu’ingénieuse : l’indice 1027, un coefficient dérogatoire de 192,5 %, une majoration pour statut particulier de 25 % — le tout appliqué à Paris, seule commune de France à cumuler les casquettes de ville, département et capitale. Une exception légale devenue norme locale. Le net perçu ? Environ 6 500 euros. Un chiffre stable, car Paris atteint déjà le plafond réglementaire. Toute revalorisation ne fait que jouer sur les marges, sans effet réel sur le versement.
Comparé à ses homologues de Lyon (7 531 € bruts) ou Marseille (5 960 €), Hidalgo est en haut du panier national. Mais sur l’échiquier européen, Paris reste un poids moyen. Le maire de Londres, par exemple, touche plus — à responsabilités pourtant parfois plus diluées. Une fois encore, la France affiche une obsession pour l’égalité des traitements, quitte à effacer les différences de charges.
Nivellement des rémunérations
Autre subtilité du système : le plafonnement des indemnités. En 2025, un élu local ne peut percevoir plus de 8 434 euros nets par mois, un seuil fixé à 1,5 fois le traitement d’un député. Résultat immédiat : Hidalgo, bien que première vice-présidente de la Métropole du Grand Paris, ne touche rien pour cette fonction. Son indemnité théorique de 2 980 euros est tout simplement écrêtée. Et reversée… à la Ville de Paris. Une opération à somme nulle, mais révélatrice d’un principe cardinal : on peut cumuler les casquettes, pas les chèques.
Ce mécanisme, invisible pour le grand public, agit comme un réducteur de train de vie politique. Une sorte de garde-fou bureaucratique censé contenir l’appétit financier des élus. Mais il a aussi un effet pervers : il nivelle les rémunérations, sans distinction de charge ou de complexité.
À cette indemnité d’élu s’ajoute une pension civile de 1 840 euros nets, versée au titre de sa carrière dans la fonction publique comme inspectrice du travail. Un complément légal, transparent, déclaré. C’est rare, mais il faut le noter : Anne Hidalgo est l’une des rares élues à avoir publié l’ensemble de ses revenus depuis 2013. Rien ne l’y obligeait à ce degré de détail, mais cela en dit long sur la gestion politique du soupçon.
Quant aux frais de représentation, ils sont strictement encadrés. Un forfait annuel de 19 720 euros, versé non comme une rémunération mais comme une avance remboursable sur justificatif. L’ensemble fait l’objet de contrôles croisés, et les reliquats — parfois conséquents — sont restitués à la collectivité. En 2020, 2 838 euros avaient ainsi été rendus à la Ville. Aucun luxe dissimulé ici : ni chauffeur de fonction illimité, ni frais de bouche exotiques. La transparence est devenue une obligation structurelle.
8 340 euros nets par mois
Au total, Anne Hidalgo perçoit environ 8 340 euros nets par mois en 2025. Un revenu conséquent, mais plafonné. Structuré, mais figé. En France, on ne paie pas un maire selon son influence ou son bilan, mais selon une grille. Qu’il dirige Paris ou Périgueux, le traitement suit la loi, pas l’impact.
Cette logique rassure. Elle évite les abus spectaculaires observés ailleurs. Mais elle interroge aussi : peut-on encore attirer des profils de haut niveau dans la sphère politique avec une rémunération aussi régulée, dans un contexte de surexposition médiatique et de pression permanente ? La question devient brûlante à mesure que certains élus lorgnent l’international.
Bientôt le jackpot pour Anne Hidalgo ?
Selon une enquête de La Tribune du dimanche, Anne Hidalgo serait en lice pour succéder à Filippo Grandi au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Un poste basé à Genève, assorti d’une rémunération annuelle proche de 300 000 dollars. Soit environ trois fois son revenu actuel.