L’UE face aux États-Unis : le bras de fer commercial s’intensifie

À l’approche du 1er août, les négociations entre l’Union européenne et les États-Unis stagnent. Bruxelles envisage des représailles face à la menace de lourdes sanctions douanières.

À une semaine de l’ultimatum fixé par Washington, les négociations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis stagnent, tandis que la menace de lourdes sanctions douanières se précise. Face à cette impasse, Bruxelles prépare discrètement sa riposte, consciente que le 1er août pourrait marquer un tournant décisif dans les relations transatlantiques.

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Une impasse persistante

À mesure que la date limite du 1er août approche, l’optimisme qui avait marqué les débuts du dialogue transatlantique s’est effacé au profit d’une lassitude palpable côté européen. Selon plusieurs sources diplomatiques, les dernières communications adressées aux États membres ne font état d’aucun progrès notable. « Il existe un consensus croissant parmi les États membres selon lequel la situation n’est pas satisfaisante », confie une source européenne. Une préparation active à un éventuel échec semble désormais en cours, comme en témoignent les discussions internes aux délégations et institutions européennes.

De son côté, Washington ne donne aucun signe d’assouplissement. L’administration américaine envisage l’instauration de droits de douane généralisés, variant de 15 % à 20 %, sur toutes les importations en provenance de l’Union européenne. Certaines exceptions seraient envisagées, notamment pour des médicaments génériques, dispositifs médicaux ou encore certaines boissons spiritueuses — à l’exclusion du vin.

Des secteurs stratégiques, tels que la pharmacie et les semi-conducteurs, sont explicitement ciblés. Le président Donald Trump aurait évoqué la possibilité de droits atteignant jusqu’à 200 % sur les produits pharmaceutiques européens.

Scott Bessent, secrétaire au Trésor et chef de file de la délégation américaine, a indiqué sur Fox News que des accords commerciaux seraient annoncés dans les prochains jours, sans préciser si l’Union européenne faisait partie des partenaires concernés.

Bruxelles affine sa riposte

Face à ces menaces, les réactions européennes se sont durcies. Lors d’une récente réunion avec les ambassadeurs des États membres, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a dressé un inventaire précis des produits visés par Washington. L’accueil fut glacial, les diplomates jugeant les mesures américaines inacceptables.

Les discussions menées entre Sefcovic et Bessent à Washington n’ont, pour l’instant, débouché sur aucun engagement concret. En parallèle, la Commission européenne se prépare à activer son mécanisme anti-coercition, un outil juridique permettant d’imposer des mesures de rétorsion élargies, allant au-delà des seuls droits de douane : restrictions sur les services, exclusion des appels d’offres publics, blocage d’investissements stratégiques.

Une lettre adressée par Donald Trump à Ursula von der Leyen, datée du 12 juillet, pourrait fournir un élément déterminant dans la démonstration de coercition. Dans ce courrier, le président américain menace explicitement l’Union européenne de droits de douane de 30 % si aucun accord n’est trouvé avant le 1er août. Il y ajoute un avertissement : toute contre-mesure entraînerait de nouvelles sanctions. « Cette lettre est une menace, et ce n’est pas acceptable. L’Union européenne, en tant que puissance économique, doit se faire respecter, si elle veut réellement être respectée par les États-Unis et la Chine », explique l’un des négociateurs à Bruxelles.

Vers un front européen plus dur ?

Dans ce contexte de tensions croissantes, certains États membres revoient leur position. L’Allemagne, historiquement en faveur d’un compromis, doute désormais de sa pertinence. Berlin s’inquiète de l’absence de résultats concrets pour ses secteurs clés, en particulier l’automobile.

Officiellement, le gouvernement allemand continue de plaider pour un accord équilibré. « Les barrières commerciales nuisent aux deux parties », rappelle le ministère de l’Économie. Mais selon plusieurs diplomates, un glissement stratégique est à l’œuvre en coulisses.

Malgré les crispations, la Commission européenne continue d’afficher une priorité au dialogue. Aucune mesure de rétorsion ne sera activée avant la date du 1er août. « Dans la situation actuelle, l’intention n’est pas d’activer de mesures de rétorsion — ni la première ni la deuxième liste — avant la date limite annoncée par les États-Unis du 1er août », a précisé Olof Gill, porte-parole aux affaires commerciales.

Deux listes de sanctions douanières, évaluées respectivement à 20 et 72 milliards d’euros, sont cependant prêtes à être déclenchées en cas d’échec des négociations.



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