Le groupe français Safran a finalisé, ce 21 juillet, le rachat des activités d’actionnement et de commandes de vol de l’américain Collins Aerospace pour 1,8 milliard de dollars. Cette opération marque un tournant pour l’équipementier aéronautique, qui entre désormais dans le trio de tête mondial du secteur, aux côtés des américains Moog et de l’allemand Liebherr.
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4 000 salariés
L’activité acquise emploie environ 4 000 personnes réparties sur huit sites en Europe (France, Italie, Royaume-Uni) et en Asie, avec des implantations en Pologne, aux États-Unis et en Inde. Les systèmes concernés sont présents dans près de 180 programmes aéronautiques civils et militaires. En 2024, cette branche a généré un chiffre d’affaires de 1,55 milliard de dollars, pour un EBITDA estimé à 130 millions.
L’intégration de ces activités sera effective au sein de Safran Electronics & Defense dès le 1er août 2025. Cette filiale emploie déjà plus de 15 000 collaborateurs. Il s’agit de la plus importante opération de croissance externe menée par Safran depuis le rachat de Zodiac Aerospace en 2018 (8,7 milliards d’euros).
Des synergies financières et industrielles
Cette acquisition intervient alors que Safran affiche des résultats financiers solides. En 2024, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 27,32 milliards d’euros, en hausse de 17,8 %, avec un résultat opérationnel courant de 4,12 milliards d’euros (+30,1 %) et un cash-flow libre de 3,19 milliards. Sa marge opérationnelle a progressé à 15,1 %, soit +150 points de base en un an.
Grâce à cette opération, Safran devient un acteur central dans un marché des systèmes de commandes de vol estimé à 33,13 milliards de dollars en 2023, avec une projection à 51,2 milliards à l’horizon 2032. Le groupe français renforce ainsi sa compétitivité sur les avions civils, les hélicoptères et les applications militaires.
La finalisation de l’opération a nécessité un parcours réglementaire complexe. La Commission européenne a donné son feu vert conditionnel le 4 avril 2025, à la condition que Safran cède ses activités d’actionnement électromécanique en Amérique du Nord. Cette cession, conclue avec l’américain Woodward, a été finalisée simultanément au rachat principal. Ces activités représentaient environ 65 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2024.
L’opération a également rencontré une opposition initiale du gouvernement italien, en lien avec l’acquisition de Microtecnica S.r.l., qui a été levée le 6 juin 2024. Aux États-Unis, le département de la Justice a exigé les mêmes cessions d’actifs pour respecter les règles de concurrence.
Safran face aux tensions géopolitiques mondiales
Le contexte international reste marqué par des tensions commerciales. L’administration Trump a récemment imposé un tarif douanier de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis. En réponse, Safran a mis en œuvre plusieurs mesures pour atténuer les effets de ces barrières tarifaires : adaptation de ses chaînes logistiques, stockage sous douane, négociation de conditions contractuelles. Le groupe prévient néanmoins que certaines surcharges pourraient être répercutées sur les clients.
Malgré ces incertitudes, Safran maintient ses prévisions pour l’exercice 2025 : une croissance de chiffre d’affaires autour de 10 %, et un résultat opérationnel courant attendu entre 4,8 et 4,9 milliards d’euros, hors effet des mesures douanières.
Cette acquisition s’inscrit dans une vision industrielle de long terme, répondant aux exigences croissantes de décarbonation du transport aérien. Le croisement des technologies de Collins et Safran doit permettre de développer des solutions pour la prochaine génération d’avions monocouloirs, plus sobres et électrifiés.