Combien gagne un ostéopathe ?

Quel avenir pour les jeunes ostéopathes face à une concurrence féroce, des revenus faibles et un manque de reconnaissance institutionnelle ?

Formation coûteuse, revenus faibles, charges élevées, absence de conventionnement : les obstacles sont nombreux. Pour les futurs étudiants, une évaluation rigoureuse du projet professionnel s’impose. L’analyse du marché local, la capacité à investir, les stratégies de différenciation et une formation solide en gestion sont aujourd’hui des conditions essentielles à la viabilité d’un cabinet.

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Des débuts difficiles pour les jeunes ostéopathes

Les ostéopathes en début de carrière, c’est-à-dire entre zéro et deux ans d’exercice, peinent à atteindre un revenu stable. Leurs revenus annuels bruts oscillent généralement entre 20 800 et 30 000 euros, ce qui correspond à un revenu net mensuel compris entre 1 300 et 2 000 euros. À Paris, les praticiens nouvellement installés rapportent souvent des revenus proches du seuil bas, autour de 1 300 euros nets mensuels. En province, les revenus sont généralement encore plus faibles.

Avec trois à sept années d’expérience, les revenus progressent légèrement, pour atteindre un brut annuel compris entre 30 000 et 40 000 euros, soit 2 000 à 3 000 euros nets par mois.

Ce n’est qu’après huit à dix ans de pratique que certains ostéopathes parviennent à des revenus plus confortables. Les revenus peuvent alors s’établir entre 40 000 et 50 000 euros annuels bruts, et dépasser cette fourchette pour les praticiens les plus établis. Selon les données de Jobted, les revenus les plus élevés atteignent jusqu’à 180 000 euros bruts annuels, soit entre 3 200 et 10 000 euros nets mensuels pour une minorité.

Un marché en sursaturation et des revenus inégalitaires

Selon les données de la CIPAV, la moitié des ostéopathes déclarent un bénéfice annuel inférieur à 17 500 euros, soit moins de 1 458 euros par mois. À l’opposé, les 25 % les mieux rémunérés déclarent des bénéfices supérieurs à 39 377 euros, soit plus de 3 200 euros nets mensuels.

Les ostéopathes du premier quartile génèrent en moyenne 28 465 euros de recettes pour un bénéfice de 9 295 euros. Ceux du quatrième quartile atteignent 92 453 euros de recettes et un bénéfice moyen de 39 377 euros.

En 2010, la France comptait 11 608 ostéopathes. En 2024, ils sont 40 910, soit une hausse de 252 %. Le ratio est passé de 1 pour 5 566 habitants à 1 pour 1 650 habitants, et même 1 pour 1 000 dans certaines zones urbaines.

En 2023, la densité variait de 1 pour 175 habitants à 1 pour 39 193. La moyenne nationale : 1 pour 2 177 habitants.

Tarifs, charges et remboursement : une rentabilité sous pression

À Paris, Marseille ou Lyon, les séances sont facturées entre 60 et 80 euros. Certains facturent jusqu’à 90 ou 95 euros la première consultation. En province, les honoraires varient entre 45 et 50 euros.

Les consultations pédiatriques sont autour de 40 euros, les consultations à domicile entre 70 et 85 euros.

Selon une étude Oostéo (2024), 68 % des praticiens appliquent des tarifs entre 50 et 60 euros. Le tarif le plus fréquent est 60 euros (24 %), et seuls 7 % pratiquent 75 euros ou plus.

En 2022, le bénéfice moyen d’un ostéopathe était de 23 641 euros, contre 45 770 euros pour les infirmiers libéraux, 37 881 euros pour les kinés, et 18 695 euros pour les psychologues.

Pour 100 euros facturés, un kinésithérapeute conserve 46,51 euros de résultat net.

Une installation professionnelle coûteuse et peu encadrée

Les frais de scolarité sur cinq ans varient de 40 000 à 50 000 euros. En 2024, le coût annuel moyen est de 9 496 euros. L’investissement total peut atteindre jusqu’à 100 000 euros avec les frais annexes.

L’équipement professionnel (hors véhicule) coûte entre 10 000 et 12 000 euros. Une table d’ostéopathie vaut entre 1 700 et 3 500 euros.

Les travaux d’aménagement nécessitent environ 150 euros/m². Le budget global d’installation varie entre 30 000 et 100 000 euros.

En micro-entreprise, le taux de charges sociales est de 23 %. Pour 60 000 euros facturés, cela représente 13 800 euros. Le plafond est fixé à 77 700 euros de chiffre d’affaires en 2025.

En régime réel, les charges peuvent monter à 45 % du chiffre d’affaires. Les cotisations CIPAV s’élèvent à 9 % jusqu’à 47 100 euros, et 22 % au-delà, soit jusqu’à 31 086 euros annuels pour les plus hauts revenus.

Depuis 2019, le bénéfice comptable annuel moyen est passé de 26 121 euros à 23 641 euros en 2022 (–10 %), malgré une hausse des recettes.

En 2022, le montant net moyen des recettes était de 58 448 euros, pour un bénéfice mensuel moyen de 1 970 euros. Pour les 25 % les moins favorisés, ce chiffre tombe à moins de 800 euros par mois.



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