Le Uber sans chauffeur devient réalité

Les chauffeurs Uber sont-ils menacés ? L’entreprise déploie ses premiers taxis autonomes avec Lucid et Nuro.

Uber franchit une nouvelle étape dans la course à la conduite autonome. Le géant américain des VTC prévoit de déployer dès l’an prochain une première flotte de taxis sans chauffeur, opérant exclusivement sur sa plateforme. Pour y parvenir, il investit 300 millions de dollars dans le constructeur de véhicules électriques Lucid, et s’associe à Nuro, start-up spécialisée dans les systèmes de conduite autonome.

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20 000 véhicules dès l’an prochain

Le projet, dévoilé le 17 juillet, prévoit le lancement initial d’un service de taxis autonomes dans une grande ville américaine en 2026. Uber s’engage à acquérir et déployer au moins 20 000 véhicules Lucid équipés du système Nuro Driver sur une période de six ans. Les essais sont déjà en cours sur circuit fermé à Las Vegas. Ces véhicules seront accessibles uniquement via l’application Uber et exploités directement par la société ou par des partenaires tiers.

La flotte s’appuiera sur le SUV électrique Gravity de Lucid, dont l’architecture a été adaptée aux exigences du transport autonome. Uber met en avant les caractéristiques techniques du modèle : redondance des systèmes électriques et de contrôle, longue autonomie, et compatibilité native avec les systèmes logiciels tiers. Le système Nuro Driver, qui équipe les véhicules, est un logiciel de conduite autonome de niveau 4, capable d’opérer sans conducteur dans des environnements géographiquement restreints et sous certaines conditions.

Nuro, une start-up en reconversion

Cet investissement marque un tournant stratégique pour Nuro. Fondée autour des robots de livraison autonomes, la start-up avait vu ses coûts d’exploitation exploser, au point de devoir licencier 50 % de ses effectifs entre 2022 et 2023. Après avoir abandonné la production de ses propres véhicules, notamment ceux développés avec BYD, elle s’est recentrée sur le développement logiciel. En avril 2024, elle a levé 106 millions de dollars, avec une valorisation ramenée à 6 milliards, en recul par rapport aux 8,6 milliards atteints en 2021.

Pour Lucid Motors, cet accord représente une opportunité d’accélérer la cadence. Le constructeur californien commercialise aujourd’hui deux modèles : la berline Air, disponible en Europe, et le SUV Gravity. En 2024, Lucid a produit 9 029 véhicules et en a livré 10 241, en hausse de 70 % par rapport à l’année précédente. Des chiffres encore loin des volumes de Tesla, mais le constructeur espère inverser la tendance. Il prévoit de produire 20 000 véhicules en 2025 et met en avant une autonomie record : début juillet, l’un de ses modèles a parcouru 1 205 kilomètres sans recharge.

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Une concurrence de plus en plus active

L’initiative d’Uber s’inscrit dans un contexte de forte intensification de la concurrence. Tesla a lancé fin juin un service de robotaxis à Austin, basé sur des Model Y équipées du système FSD. Le déploiement reste limité, avec une dizaine de véhicules circulant sous supervision humaine, mais une extension est prévue dans la baie de San Francisco dans les mois à venir.

Waymo, filiale d’Alphabet, accélère également. L’entreprise revendique plus de 100 millions de kilomètres parcourus en conduite autonome et réalise actuellement 250 000 trajets payants par semaine. En mai 2025, elle a dépassé les 10 millions de trajets commerciaux, un chiffre qui a doublé en cinq mois.

Une stratégie mondiale

Au-delà de ses investissements directs, Uber poursuit une politique de partenariats diversifiés. Aux États-Unis, ses collaborations avec Waymo, May Mobility ou encore Volkswagen Group of America renforcent son ancrage local. Depuis 2024, les Jaguar I-Pace autonomes de Waymo sont disponibles via l’application Uber à Austin et Atlanta. Un déploiement à Arlington (Texas) est prévu avec May Mobility d’ici fin 2025. En parallèle, un accord signé avec Volkswagen prévoit l’introduction de milliers d’ID.Buzz autonomes à Los Angeles à partir de 2026.

À l’international, Uber multiplie les accords : partenariat avec Baidu pour un déploiement en Asie et au Moyen-Orient, collaboration avec WeRide à Dubaï et avec Momenta dans plusieurs villes européennes dès 2026. À Londres, un lancement est prévu au printemps 2026 avec la start-up britannique Wayve, dans un cadre réglementaire favorable à l’expérimentation du niveau 4.



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