Moins de dix jours après son lancement, la pétition contre la loi Duplomb s’apprête a franchir les 600 000 signatures. Un seuil symbolique et politique, qui ouvre la voie à un possible débat à l’Assemblée nationale. Portée par une étudiante et relayée massivement sur les réseaux sociaux, la mobilisation ne faiblit pas : elle vise désormais le million de soutiens.
A LIRE AUSSI
L’incroyable succès de la pétition contre la loi Duplomb
Lancée dans l’anonymat le 10 juillet, la pétition contre la loi Duplomb est en train de devenir l’un des événements politiques inattendus de cet été. Samedi 19 juillet, peu après 16 heures, elle a franchi la barre des 550 000 signatures, soit le seuil à partir duquel l’Assemblée nationale peut, sous conditions, être saisie pour organiser un débat en séance publique.
Mais pour les initiateurs et soutiens de la démarche, ce n’est qu’une étape. Le nouvel objectif est clair : atteindre le million de signatures. « Cette loi est une menace pour la santé publique et pour les pollinisateurs. Elle mérite d’être abrogée. Et nous serons un million à le dire », résume un message publié samedi sur les réseaux sociaux, repris par plusieurs élus de gauche. La mobilisation se déploie désormais bien au-delà des cercles militants, portée par des influenceurs, des personnalités comme Pierre Niney et de nombreux internautes anonymes.
Un seuil symbolique… mais sans garantie de débat
Ce seuil de 500 000 signatures, s’il est accompagné d’une représentativité territoriale (au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer), permet à la conférence des présidents de l’Assemblée nationale de décider d’un éventuel examen en séance publique. Mais le chemin reste incertain : la conférence peut aussi classer la pétition sans suite. Et même si un débat est organisé, il ne porterait que sur la pétition elle-même, et non sur un réexamen ou une abrogation de la loi.
Aucune pétition citoyenne n’a jamais donné lieu à un débat à l’Assemblée sous la Ve République. L’issue dépendra donc autant de la pression politique que du choix des institutions.
Adoptée définitivement le 8 juillet, la loi Duplomb — du nom du rapporteur parlementaire, et non du ministre Dussopt qui l’a portée — autorise, dans un cadre dérogatoire, le retour de l’acétamipride dans l’arsenal phytosanitaire français. L’exécutif justifie cette mesure par la nécessité de protéger certaines cultures, comme la betterave ou la noisette, menacées par des ravageurs et confrontées à une concurrence jugée déloyale.
Les critiques, elles, dénoncent un recul environnemental, un risque sanitaire et un signal contraire aux engagements climatiques. Le ministère de l’Agriculture, sollicité par l’AFP, n’a pas souhaité réagir à la mobilisation en cours.
À quelques semaines de la rentrée parlementaire, cette pétition bouscule les lignes. Elle pourrait devenir la première à forcer un débat institutionnel, voire à faire émerger un nouvel usage démocratique des pétitions citoyennes. En visant désormais le million de signatures, ses soutiens entendent maintenir la pression et contraindre les institutions à sortir de leur silence.