Epstein : ce que cache le silence de Trump

Donald Trump veut-il enterrer l'affaire Epstein ? Son offensive judiciaire relance le débat sur son rôle dans ce scandale sexuel.

Le 18 juillet, Donald Trump a déclenché une contre-offensive judiciaire d’une rare violence contre le Wall Street Journal, accusé de l’avoir impliqué – indirectement mais clairement – dans l’affaire Jeffrey Epstein. Ce même Trump qui, hier encore, promettait la transparence totale, se fait aujourd’hui le héraut du secret bien gardé.

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Tactique de diversion ou panique du pouvoir ? En brandissant une plainte de dix milliards de dollars contre l’un des derniers bastions de la presse économique conservatrice, Trump joue une double partition : restaurer son image au sein d’un électorat complotiste qu’il n’arrive plus à maîtriser, et dévier les projecteurs d’une question essentielle – que savait-il, que cache-t-il, et pourquoi si peu de réponses après tant d’années ?

Car c’est là que le bât blesse. Le lien entre Trump et Epstein n’est pas un fantasme : photos, témoignages, déclarations publiques et invitations croisées nourrissent depuis longtemps un faisceau de présomptions. Qu’il ait ou non rédigé cette fameuse lettre graveleuse évoquée par le Wall Street Journal importe finalement moins que la réaction qu’elle déclenche : un refus de répondre, une attaque frontale contre les journalistes, et une volonté évidente de détourner la colère de sa base vers des ennemis commodes – les médias, les démocrates, l’« État profond ».

Pourtant, ce sont ses propres partisans, les plus radicaux de sa base MAGA, qui aujourd’hui l’interrogent avec virulence. Ceux-là mêmes qui, longtemps aveuglés par l’illusion d’un justicier des élites corrompues, découvrent à présent un Trump agacé, insultant, fébrile. Leur demande est simple : la vérité. Toute la vérité. Et Donald Trump, qui a bâti son pouvoir sur la défiance et la polarisation, se retrouve acculé par son propre feu.

Ce n’est pas seulement une crise médiatique ou judiciaire. C’est une crise démocratique. Quand un président refuse de répondre à des questions de société fondamentales – sur l’impunité des puissants, sur la protection des mineures, sur les connivences qui gangrènent les cercles du pouvoir –, il mine les fondements même de la République. La démocratie n’a pas peur des réponses. Elle redoute, en revanche, ceux qui s’évertuent à les éviter.

Trump avait juré de faire toute la lumière sur l’affaire Epstein. Il n’offre aujourd’hui qu’un rideau de fumée, une gesticulation procédurière, une guerre contre les mots plutôt que contre les faits. Pendant ce temps, les victimes attendent. Et avec elles, une société américaine exsangue de sa capacité à croire encore que justice peut rimer avec vérité.

Il ne suffit pas de publier quelques documents filtrés au compte-gouttes. Il faut ouvrir les archives. Toutes. Exiger la transparence. Pleine, immédiate, totale. Que cache encore l’État fédéral ? Pourquoi tant de résistances ? Pourquoi tant de cadavres démocratiques dans le placard d’un président qui se voulait champion du peuple contre les élites ?

Il est des silences qui accusent plus sûrement que mille mots. Celui de Donald Trump, le 18 juillet, face à une simple question sur sa volonté de publier tous les documents liés à Epstein, en est un. Ce silence, c’est celui d’un homme qui ne veut pas répondre. Et dans ce refus, il y a déjà une forme de vérité. Une vérité qu’il reste à faire éclater, malgré lui, et contre lui s’il le faut.



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