Une fois encore, sous couvert de rigueur budgétaire et de prétendue efficacité, le Gouvernement s’apprête à frapper ceux qui ne peuvent se défendre : les précaires. La réforme de l’assurance-chômage que prépare le gouvernement, si elle voit le jour, représente bien plus qu’un simple ajustement technique. Elle incarne un projet de société : celui d’un pouvoir qui persiste à punir la pauvreté au lieu de s’attaquer à ses causes.
Ce jeudi 17 juillet, la CPME a dévoilé ce que le ministère du Travail se garde bien de confirmer : entre 2 et 2,5 milliards d’euros d’économies annuelles sur le dos des chômeurs, sur quatre ans. Voilà le but véritable, derrière les concertations de façade et les éléments de langage. Tout est là : faire de l’assurance-chômage un levier d’austérité mépris des solidarités essentielles qui fondent notre pacte social.
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Novlangue
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, reçoit les partenaires sociaux. Elle consulte, paraît-il. Mais chacun comprend que la décision est déjà prise, dictée par l’impératif de réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies d’ici 2026. Un chiffre brandi par le Premier ministre François Bayrou comme une sentence, tandis qu’il prétend “améliorer” le régime d’indemnisation pour “inciter à reprendre une activité”. Cette novlangue managériale, familière du pouvoir macronien, cache mal la violence des faits : moins de droits, plus de conditions, une précarité renforcée.
Réduire la durée d’indemnisation de 18 à 15 mois pour les moins de 55 ans. Exiger huit mois de travail au lieu de six pour être éligible. Ce sont les pistes évoquées. Ce sont surtout des coups supplémentaires portés à des personnes qui, loin d’abuser du système, en sont les victimes directes. Depuis 2019, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de raboter les droits des chômeurs. C’est une obsession, presque une méthode : s’attaquer aux faibles pour donner des gages aux marchés.
Vision autoritaire du social
Face à cela, les syndicats s’indignent, à juste titre. Force ouvrière et d’autres envisagent de ne même pas participer à une mascarade de négociation où tout semble déjà joué. Car, derrière la technique, c’est une vision autoritaire du social qui se dessine. Si les partenaires sociaux refusent de se plier, le gouvernement menace de reprendre la main. Fini la gestion paritaire, bonjour le pilotage étatique. L’assurance-chômage, conquête de l’après-guerre, pourrait bien devenir un outil de contrainte de plus, un bras armé du contrôle social.