Amazon investit massivement dans la région lyonnaise. Le géant du commerce en ligne a confirmé la construction, d’ici à 2026, d’un centre de distribution de 180 000 m² à Colombier-Saugnieu, à proximité immédiate de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Ce projet, annoncé à l’occasion du sommet Choose France, représente un investissement de 200 millions d’euros, hors équipements technologiques. Il prévoit la création de 3 000 emplois en contrat à durée indéterminée. Il s’agira du deuxième site logistique le plus important d’Amazon en France, après celui de Brétigny-sur-Orge (Essonne).
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Un site logistique optimisé pour la région lyonnaise
Situé en bordure directe des pistes de l’aéroport et à quelques centaines de mètres de la gare TGV de Lyon Saint-Exupéry, le terrain retenu – une ancienne piste d’essai automobile – offre un positionnement stratégique. Il s’intègre dans l’un des bassins de consommation les plus denses du pays, tout en bénéficiant d’une excellente accessibilité multimodale. Selon Amazon, cette localisation permettra de réduire de 31 % en moyenne la distance parcourue par les colis livrés dans la région.
Le futur bâtiment, conçu sur trois niveaux de 60 000 m² chacun, fonctionnera sept jours sur sept. Il assurera la réception, le stockage, le tri et l’expédition des colis. L’organisation du travail reposera sur un système en équipes successives : trois par jour en semaine, deux le week-end. Pour accompagner cette montée en charge, Amazon a confirmé le recrutement de 3 000 personnes, dont 90 % pour des postes opérationnels en logistique. L’entreprise assure que tous les contrats seront à durée indéterminée.
L’investissement de 200 millions d’euros couvre l’acquisition du terrain et la construction de l’infrastructure. Amazon ne communique pas sur le coût des équipements, bien que le groupe précise que le site sera doté de chaînes de tri automatisées et de véhicules autoguidés (AGV), conçus en interne pour maximiser l’efficacité du stockage et de la distribution. Compte tenu de ces installations, le montant total de l’opération pourrait largement dépasser les 300 millions d’euros.
Un plan de recrutement massif pour 3 000 emplois en CDI
Ce nouveau site ne remplace aucun des trois centres déjà existants dans la région : un entrepôt à Saint-Priest, une plateforme logistique à Satolas-et-Bonce, et une agence de livraison à La Boisse, dont l’ouverture est prévue en 2026. Ensemble, ces infrastructures emploient actuellement 1 500 salariés. Le nouveau centre pourrait même soulager certaines plateformes existantes, notamment à Brétigny-sur-Orge, Saran, Beaune ou Montélimar, sans pour autant les remplacer.
La question du recrutement s’annonce toutefois complexe. L’Est lyonnais et le nord-Isère, où se concentrent déjà de nombreuses entreprises du secteur transport-logistique, souffrent d’une tension persistante sur les profils recherchés. Pour y faire face, Amazon a signé une convention avec France Travail, visant à recruter en priorité des demandeurs d’emploi peu qualifiés, des bénéficiaires du RSA ou des personnes en situation de handicap. L’objectif est de pourvoir les 3 000 postes dans les 18 mois qui suivront l’ouverture du site. Un groupe de travail a également été mis en place par la préfecture du Rhône afin d’anticiper les besoins en voirie et en mobilité des futurs salariés.
Une logistique ferroviaire à grande vitesse pour réduire l’empreinte carbone
Autre élément structurant du projet : son ancrage dans une logistique ferroviaire en plein renouveau. Depuis mai 2024, Amazon exploite une ligne de fret à grande vitesse entre la gare TGV de Lyon Saint-Exupéry et celle de Paris-Bercy. Cette liaison, opérée par Rail Logistics Europe, filiale de la SNCF, permet d’acheminer plus de 500 000 colis par an à une vitesse de 320 km/h. Chaque convoi de fret représente autant de camions en moins sur l’A6, un des axes routiers les plus fréquentés de France. Selon Amazon, ce mode de transport permet de diviser par dix le bilan carbone par colis transporté, tout en réduisant les délais de livraison.
Avec ce projet, Amazon affirme vouloir conjuguer performance logistique et réduction de son empreinte environnementale. Le groupe cherche à rapprocher ses infrastructures des centres de consommation tout en diversifiant ses modes de transport. Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité. La majorité écologiste de la Métropole de Lyon s’interroge sur l’impact territorial d’une telle implantation, à la fois en matière d’aménagement urbain, de fiscalité locale et de pression sur les ressources foncières.
À l’échelle nationale, l’initiative s’inscrit dans un renforcement plus global du réseau logistique d’Amazon. Le site de Colombier-Saugnieu, par son ampleur, sa technologie embarquée et sa connexion ferroviaire, pourrait faire figure de modèle pour les futurs développements de l’entreprise en Europe.