Bayrou déclare la guerre sociale aux Français

François Bayrou veut administrer à la France une violente cure d’austérité. Sous couvert de responsabilité budgétaire, le chef du gouvernement choisit ses cibles : les plus fragiles, les plus exposés, les plus silencieux. C’est une vision du pays qui s’affirme — celle d’une nation au service des puissants, au détriment du bien commun.

Au cœur de l’été, dans une conférence de presse millimétrée, le Premier ministre François Bayrou a livré ce que le pouvoir appelle un « plan de redressement ». Suppression de deux jours fériés, gel des prestations sociales, stagnation des pensions, coupes dans les dépenses de santé et pression sur les collectivités locales : la feuille de route budgétaire pour 2026 sonne comme une gifle aux principes de solidarité républicaine.

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Il s’agit de faire payer aux classes moyennes, aux retraités, aux précaires et aux patients le coût d’un déséquilibre dont ils ne sont ni les auteurs ni les bénéficiaires.

Quand François Bayrou déclare que « tout le monde doit participer à l’effort », il omet de préciser que certains seront priés de faire plus d’effort que d’autres. Le paysan qui voit ses marges laminées par l’agro-industrie, l’aide-soignante dont le pouvoir d’achat recule, le jeune diplômé sans emploi stable, ou le malade chronique désormais suspecté de coûter trop cher — voilà ceux qui « participeront » pleinement à cette cure d’austérité.

Car pendant que l’on sacrifie deux jours fériés au nom d’un « besoin de travailler plus » — formule martelée jusqu’à l’épuisement par les tenants du néolibéralisme — les dividendes, eux, ne sont pas mis à contribution. Une « contribution de solidarité » pour les hauts revenus ? Certes. Mais floue, sans chiffres, sans ambition réelle. Une rustine sociale pour habiller une politique d’exception au service d’une minorité.

Et les mots sont choisis : « désenchantement face au travail », dit Bayrou. Mais ce n’est pas le travail qui désenchante, c’est son exploitation sans horizon. C’est l’obsession de compétitivité, les salaires bloqués, les services publics dégradés, les soignants épuisés, les enseignants abandonnés. C’est un pays où l’effort est demandé toujours aux mêmes, où l’État devient sourd à ses engagements, où la solidarité devient suspecte.

Santé, territoires, jeunesse : les cibles d’un repli

Le gel des dépenses de l’État, sauf pour la défense, marque une bascule claire. On préfère les budgets militaires aux hôpitaux. On laisse les collectivités territoriales — mairies, régions, départements — s’enfoncer dans la dette locale, au mépris des écoles, des transports, de la vie quotidienne.

Le budget santé, lui, sera amputé de 5 milliards d’euros. Le doublement des franchises médicales est un choix grave, aux conséquences humaines immédiates. C’est une barrière dressée entre les plus vulnérables et leurs soins, une punition pour avoir le malheur d’être malade.

Même les chômeurs sont dans le viseur. Nouvelle réforme de l’assurance chômage, nouvelle pression sur les droits. Derrière le vernis du « dialogue social », c’est une mécanique bien connue : culpabiliser les demandeurs d’emploi, presser la machine à trier les « bons pauvres » des autres.

Un gouvernement de gestionnaires

Et que dire de l’ambition économique ? Une taxe sur les colis, une amende pour les retards de paiement… Pendant qu’on coupe, on agite des rustines. L’investissement dans les start-up innovantes — 900 millions — fait figure d’exception, de concession aux technocrates de l’innovation. Mais ces quelques miettes ne masquent pas le fond : la France que dessine ce plan n’est pas celle de la justice sociale, mais celle du chacun pour soi.

Bayrou gouverne désormais avec la logique glacée du tableau de bord. Mais une nation n’est pas un tableur. Elle est faite d’histoires, de solidarités, de souffrances aussi. Un budget, ce n’est pas un exercice technique : c’est un choix politique fondamental. Et ce choix, ce gouvernement l’a fait contre ceux qui n’ont que leur labeur, leur santé ou leur dignité à défendre.

L’urgence d’une résistance démocratique

Face à cette dérive, il est impératif que les forces sociales, syndicales, associatives et politiques s’organisent. Il ne s’agit plus seulement de débattre. Il s’agit de résister, d’alerter, de mobiliser. Ce plan n’est pas une fatalité. Il est une vision du monde. Et c’est cette vision qu’il faut désormais combattre.



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