Qui veut payer 300 euros par an pour suivre la Ligue 1 ?

Regarder la Ligue 1 légalement en 2025 coûtera près de 300 € la saison. Une somme que beaucoup ne peuvent plus se permettre.

Pour suivre l’ensemble des 306 rencontres de Ligue 1 à partir de la saison 2025-2026, les supporters devront désormais cumuler deux abonnements : la nouvelle plateforme Ligue 1+, lancée par la LFP, et beIN Sports, seul diffuseur du neuvième match chaque journée. Montant total de l’addition : 29,99 € par mois au minimum, soit près de 300 € pour une saison complète. Un tarif qui pourrait s’avérer trop élevé pour une partie du public. Notamment les jeunes et les classes populaires, toujours plus nombreux à se tourner vers l’IPTV illégale.

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Huit matchs par journée sur Ligue 1+

Le 1er juillet 2025, Nicolas de Tavernost, directeur général de LFP Media, officialisait un changement stratégique majeur : la création de Ligue 1+, une chaîne détenue et opérée directement par la Ligue de football professionnel. La chaîne proposera huit matchs en direct par journée, accompagnés de magazines, replays et contenus exclusifs. Le neuvième match, programmé chaque samedi à 17h, restera diffusé en direct sur beIN Sports pour une saison supplémentaire, avant d’être accessible en différé dès minuit sur Ligue 1+.

Un coût incompressible

Pour accéder à l’intégralité des rencontres, aucun raccourci possible : il faudra s’abonner à la fois à Ligue 1+ et à beIN Sports. La formule de base pour Ligue 1+ est fixée à 14,99 € par mois avec engagement, tandis que beIN Sports propose une offre sans engagement au même tarif. Total mensuel : 29,98 €, arrondi à 29,99 € dans les communications officielles. Sur dix mois de compétition, le budget s’élève à 299,90 €.

Des alternatives existent : l’offre mobile de Ligue 1+ (également à 14,99 €) permet une utilisation sur un seul écran sans engagement, et une formule à 9,99 € réservée aux moins de 26 ans doit être lancée à l’automne (donc bien après le début de la saison de Ligue 1). Certaines promotions pourraient également alléger la facture, notamment pour les abonnés Canal+ qui bénéficient parfois de beIN Sports sans surcoût. Des offres groupées via les fournisseurs d’accès à Internet sont également envisagées, sans qu’aucune n’ait été confirmée à ce jour.

Les objectifs très (trop) ambitieux de Ligue1+

Le modèle économique de Ligue 1+ repose exclusivement sur les abonnements. Les objectifs sont clairement affichés : un million d’abonnés d’ici la fin de la première saison, entre 2,2 et 2,5 millions en 2029. Le coût de fonctionnement annuel est estimé à 66 millions d’euros, incluant la production, l’éditorial et le marketing. Les recettes visées dès 2025-2026 s’élèvent à 354,5 millions d’euros bruts.

La distribution reposera sur une stratégie dite d’hyperdistribution. Des accords ont été signés avec Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom. DAZN, partenaire stratégique, intégrera également Ligue 1+ à son offre, ce qui pourrait permettre à la chaîne de toucher entre 600 000 et 700 000 abonnés supplémentaires. Le match d’ouverture, Nantes-PSG le 17 août à 21h, sera proposé en clair pour séduire les curieux et amorcer la campagne d’abonnement.

L’ombre persistante du piratage

Le principal défi reste toutefois celui du piratage. Selon une étude Ipsos commandée par la LFP, 37 % des personnes ayant regardé la Ligue 1 en 2024-2025 l’ont fait via des moyens illégaux. Pour certaines affiches comme OM-PSG, ce taux grimpe à 55 %. Face à cette réalité, l’Arcom multiplie les blocages de sites pirates — plus de 7 400 domaines visés depuis 2022, dont 1 181 services IPTV en 2024. Une décision judiciaire récente oblige même les VPN à bloquer l’accès aux plateformes illégales.

Mais la répression ne suffit pas à enrayer le phénomène. Dans un contexte de précarité croissante, les jeunes et les ménages modestes peinent à justifier un abonnement mensuel de 30 € pour suivre leur club. La télévision légale apparaît alors comme un produit de luxe, réservé à ceux qui peuvent se l’offrir.

L’héritage du fiasco DAZN

L’expérience DAZN, qui n’a séduit que 500 000 abonnés pour un objectif initial de 1,5 million, hante encore les décideurs. Le prix d’entrée jugé prohibitif (30 à 40 € par mois) avait été rejeté par une majorité de Français. Avec Ligue 1+, la LFP a opté pour un tarif volontairement contenu, mais la fragmentation de l’offre complique la promesse d’accessibilité.



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