La face cachée du modèle Macron révélée par l’Insee

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, 1,2 million de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté. Un constat alarmant sur les inégalités croissantes.

Il y a des chiffres qui claquent comme une gifle, des statistiques qui disent l’indicible : en 2023, la pauvreté en France a franchi un seuil historique, accablant et scandaleux. Loin des discours anesthésiants sur le “plein emploi” ou la “résilience” économique, les données publiées par l’Insee révèlent une vérité brutale : jamais, depuis 1996, autant de femmes, d’hommes et d’enfants n’ont été plongés dans la misère, abandonnés aux marges de la République.

Neuf millions huit cent mille personnes, pour être exact, vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Un bond de 650 000 individus en un an. Une France qui s’appauvrit, pendant qu’une autre s’enrichit sans retenue.

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C’est une photographie sociale d’une rare violence que nous livre l’Insee : 15,4 % de la population métropolitaine vit sous le seuil de pauvreté. Non pas en raison d’un cataclysme naturel ou d’une guerre civile, mais par choix politique. Car l’inflation n’est pas un phénomène météorologique. Ses effets auraient pu être atténués, amortis, redistribués. Ils ne l’ont pas été. La responsabilité est ici clairement identifiable : le pouvoir macroniste a fait le choix de protéger les forts en fragilisant les faibles, sabordant toute ambition redistributive sous couvert de rigueur budgétaire.

Les classes populaires, les précaires, les indépendants aux revenus en chute libre, les salariés aux horaires éclatés et sous-payés, les mères isolées, les chômeurs punis par une réforme brutale : tous voient leur niveau de vie baisser. Non pas malgré les politiques publiques, mais à cause d’elles. Et pendant ce temps, les plus riches, eux, engrangent. Les 10 % les plus aisés ont vu leur niveau de vie augmenter de 2,1 %, profitant d’une fiscalité sur-mesure, d’un bouclier tarifaire détourné, et d’une ultime suppression de la taxe d’habitation.

La pauvreté, angle mort de la République

Derrière les tableaux froids de l’Insee, il y a des vies. Celles que l’on n’aperçoit plus dans les débats publics, celles qui ne manifestent pas, ou si peu, car elles sont enfermées dans l’urgence de survivre. Et encore, les chiffres officiels masquent l’ampleur du désastre. Car l’Insee ne comptabilise que les individus vivant en logement “ordinaire”. Les invisibles – sans-abris, résidents en foyers, étudiants précaires, habitants d’outre-mer – ne sont pas là. Mais une étude complémentaire lève un coin du voile : 2,1 millions de pauvres supplémentaires, si l’on inclut ces catégories. Le vrai total ? Proche des 12 millions.

Le mécanisme est limpide : les revenus dits “primaires” – issus du travail ou de l’activité indépendante – s’effondrent pour les plus modestes. Les micro-entrepreneurs, pourtant encensés par les discours de l’“entrepreneuriat populaire”, voient leur niveau de vie s’effondrer. Le taux de pauvreté chez les indépendants atteint 19,2 %, un record. Les salariés à temps très partiel, eux aussi, sont broyés : leur proportion dans les emplois précaires augmente, entraînant avec elle une paupérisation rampante. La pauvreté n’est plus seulement une affaire d’exclusion ; elle est devenue une condition de l’emploi.

Et après redistribution, le tableau ne s’éclaircit pas. Les mesures exceptionnelles de soutien face à l’inflation, mises en place en 2022, n’ont pas été reconduites. Résultat : le filet de sécurité se déchire. Les aides au logement, revalorisées en dessous de l’inflation, perdent en efficacité. Le taux de pauvreté des inactifs non retraités atteint 37,3 %, celui des chômeurs 36,1 %. Et les familles monoparentales, en première ligne, subissent une hausse vertigineuse de leur taux de pauvreté : + 2,9 points, pour culminer à 34,3 %.

Pendant ce temps, au sommet de la pyramide…

Là-haut, dans les sphères protégées de la richesse, la crise fait prospérer les rentes. La hausse des taux d’intérêt, décidée par les banques centrales, a gonflé les revenus du capital. Et le gouvernement a poursuivi sa politique d’exonération, au bénéfice des plus fortunés. 980 euros de plus pour les plus riches, pendant que les plus pauvres perdaient 140 euros. L’écart se creuse, le fossé devient gouffre. L’indice de Gini grimpe à 0,297, se rapprochant dangereusement du pic atteint après la crise de 2008. Les inégalités explosent.

En comparant la masse des revenus, le constat est encore plus accablant : les 20 % les plus riches captent 4,5 fois plus de revenus que les 20 % les plus pauvres. Un niveau jamais atteint depuis 1996. Cela ne s’appelle plus un déséquilibre. Cela s’appelle une fracture systémique.

Un bilan : six ans de pouvoir, six années d’injustice

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, 1,2 million de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté. Le taux est passé de 13,7 % à 15,4 %. L’indice de Gini, de 0,281 à 0,297. Et le niveau de vie des 10 % les plus riches s’est envolé de 1 970 euros.

Ce n’est pas une dérive. C’est un projet. Un modèle économique au service de quelques-uns, au détriment de tous les autres. Une politique assumée, camouflée derrière des éléments de langage, mais dont les effets sont désormais chiffrés, documentés, incontestables.



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