OL : la descente aux enfers d’un géant du foot français

L’OL risque la Ligue 2 dans quelques jours. En cause : un trou abyssal et des promesses envolées.

Le 10 juillet, la commission d’appel de la DNCG — gendarme financier du football français — tranchera. Dira si, oui ou non, l’Olympique Lyonnais peut échapper à la rétrogradation en Ligue 2. Pour espérer rester dans l’élite, le club devra déposer plus de 100 millions d’euros immédiatement, et en garantir autant pour couvrir la saison à venir. Une somme astronomique, à réunir en moins d’une semaine. Un sursaut ? Plutôt un dernier soubresaut, qui condense à lui seul des années d’aveuglement, d’impunités et de faux-semblants.

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Ce recours devant la DNCG n’est pas un simple appel administratif. C’est une imploration. Et, surtout, une scène finale : celle d’un modèle qui s’effondre sous son propre poids. Car l’OL ne paie pas une erreur de gestion ponctuelle. Il paie une dégradation lente, connue de tous, mais systématiquement minimisée, couverte, parfois même encouragée.

Textor, le fossoyeur de l’OL

À l’origine du désastre : John Textor. Un nom devenu symbole. En quelques mois, l’homme d’affaires américain a transformé l’OL en actif financier instable, en laboratoire spéculatif, en outil de storytelling managérial. Des promesses à la pelle, des garanties fictives, des montages à la limite du compréhensible, et derrière, un club à genoux, une dette qui dépasse le demi-milliard, et une communication confuse, voire trompeuse. Textor promettait des ponts entre les continents, il a creusé un gouffre entre les comptes.

Mais cette responsabilité, aussi lourde soit-elle, n’est pas solitaire. Elle est partagée. Où étaient les voix lyonnaises lorsque le club glissait ? Où étaient les anciens dirigeants, les partenaires économiques, les actionnaires locaux ? Jean-Michel Aulas, qui aura incarné pendant trois décennies l’ambition raisonnée d’un OL solide, a-t-il vraiment préparé la suite, ou s’est-il contenté d’un adieu prudent ? Rien de tout cela ne s’est joué dans le dos de l’institution. Tout a eu lieu sous les projecteurs. Et pourtant, personne n’a tiré le frein.

La DNCG, elle aussi, a vu. Dès 2023, elle a tenté d’encadrer, de freiner, d’alerter. Mais ses leviers sont restés timides. Le contrôle a été submergé par la fiction : des lettres d’intention ont remplacé les garanties bancaires, des discours sur l’avenir ont fait taire l’examen du présent. Et pendant ce temps, l’OL continuait sa course vers le vide, à grande vitesse.

Lyon, Bordeaux, Saint-Étienne, Nantes et les autres…

Aujourd’hui, la commission d’appel ne peut plus ignorer la portée de sa décision. Car Lyon n’est pas un cas isolé, mais un révélateur. Après Bordeaux, Saint-Étienne, Nantes menacé à son tour, c’est toute la vitrine du football français qui se fissure. Financiarisation galopante, investisseurs volatils, rachats à crédit sans projet sportif… Voilà la réalité que l’on tente encore de maquiller.

Peut-être que Michele Kang, nouvelle présidente de l’OL, parviendra à réunir les fonds. Peut-être que l’appel sera entendu. Mais que restera-t-il ? Quel club sauverons-nous ? Celui des promesses creuses, des actifs bradés et de la parole flottante ? Ou celui qui, autrefois, incarnait une certaine idée du jeu, de l’ancrage, d’une ambition collective ?

Le 10 juillet, c’est la survie de l’OL qui sera en jeu. Mais au fond, c’est une question bien plus large qui se pose : jusqu’où laisserons-nous le football se perdre ? La DNCG, en jugeant ce dossier, ne se prononcera pas seulement sur Lyon. Elle dira si, oui ou non, elle entend encore jouer son rôle de digue — ou se contenter d’être le notaire des effondrements.



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