Stellantis : l’effondrement d’un géant de l’automobile

Stellantis subit sa plus grave crise depuis sa création. Chiffres en chute libre, effondrement en Bourse, départ brutal de Carlos Tavares : le géant automobile traverse une année noire marquée par un recul stratégique majeur.

En 2024, le chiffre d’affaires de Stellantis a reculé de 17 % à 156,9 milliards d’euros. Le bénéfice net s’effondre de 18,6 milliards à 5,5 milliards d’euros (-70 %) ; la marge opérationnelle passe de 12,8 % à 5,5 %. Le cash-flow bascule dans le rouge (-6 milliards, contre +13 milliards un an plus tôt), symptôme d’une trésorerie sous tension.

La sanction boursière est immédiate : après un sommet à 78 milliards d’euros en avril 2024, la capitalisation s’établit à 24,66 milliards fin juin 2025 (-68 %). L’action, à 8,63 euros, a perdu 53 % sur douze mois.

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Le marché nord-américain en crise

Longtemps principal moteur de profits, l’Amérique du Nord devient le point faible : la marge opérationnelle fond de 15,4 % à 4,2 % en 2024. Le second semestre vire au rouge, avec 1,7 milliard d’euros de pertes (-6,8 %). Les ventes chutent de 24 % à 1,4 million de véhicules et les concessions croulent sous 304 000 unités en stock, légèrement sous l’objectif officiel mais révélateur d’un désamour grandissant.

Le 1er décembre 2024, Carlos Tavares démissionne avec effet immédiat, après des désaccords stratégiques majeurs avec le président John Elkann sur la politique de fusions-acquisitions et l’orientation du groupe. Cette sortie précipite la fin d’une ère où Stellantis rivalisait avec Mercedes-Benz en rentabilité.

Le 23 juin 2025, Antonio Filosa – vingt-cinq ans de maison, ancien COO Amériques – prend officiellement les commandes. Sa nomination s’accompagne d’un remaniement large : Maxime Picat, directeur des achats et prétendant naturel à la succession, quitte l’organigramme.

Restructurations industrielles et choc social

Pour enrayer l’hémorragie, Stellantis ferme définitivement son usine de Luton (Royaume-Uni) et suspend plusieurs sites : Windsor (Canada), soumis aux droits de douane américains, et Mirafiori (Turin), où les arrêts répétitifs touchent 3 000 salariés. Autant de signaux de repli face à une concurrence chinoise plus agressive et à des tensions géopolitiques persistantes.

Sans tambour ni trompette, le groupe renonce à l’objectif d’une gamme 100 % électrique à l’horizon 2030. La plateforme STLA Small, jadis dédiée aux citadines zéro émission, devient « multi-énergie » et intègre des motorisations hybrides, tournant le dos au plan Dare Forward 2030 porté par Tavares.

Un dividende en chute libre

Le dividende versé au titre de 2024 s’établit à 0,68 euro par action, en recul de 56 % (1,55 euro en 2023). Avec un rendement apparent proche de 7,5 %, le coupon souligne moins la générosité de Stellantis que la dévalorisation drastique de son titre.

Fin juin 2025, la capitalisation de Stellantis (24,66 milliards d’euros) la place loin derrière Mercedes-Benz (≈ 60 Md€), Volkswagen (≈ 54 Md€) et BMW (≈ 52 Md€). L’écart réduit la capacité d’investissement et fragilise la compétitivité future du groupe.

Stellantis table sur une croissance modeste du chiffre d’affaires et une marge opérationnelle à un chiffre, sans plus de détails, invoquant les incertitudes douanières. Le redressement passera par un repositionnement commercial complet, particulièrement en Amérique du Nord. La capacité d’Antonio Filosa à restaurer la confiance des marchés et des clients sera déterminante.


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