Dans une salle de réunion sécurisée, un bourdonnement à peine perceptible traverse l’air. Ce n’est ni un insecte ni un artefact sonore : c’est un micro-drone. Invisible à l’œil nu, il capte une conversation confidentielle avant de disparaître par une aération. Cette scène illustre l’émergence d’une technologie désormais bien réelle : les micro-drones de renseignement.
Miniaturisés à l’extrême, ces engins changent radicalement les règles de la surveillance. Pesant parfois moins d’un gramme et mesurant quelques centimètres, ils permettent une observation rapprochée, furtive, et presque impossible à détecter. Depuis les années 2000, les drones ont transformé l’art de la guerre. Aujourd’hui, cette transformation atteint un niveau de granularité inédit.
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Technologies biomimétiques et applications militaires
Parmi les exemples les plus frappants, un prototype chinois présenté fin juin 2025 sur la chaîne CCTV-7 a marqué les esprits. Mis au point par l’Université nationale de technologie de défense de Changsha, ce drone biomimétique imite à s’y méprendre un moustique. Long de deux centimètres et pesant 0,3 gramme, il intègre caméras, capteurs, commandes électroniques et système d’alimentation autonome.
Doté d’ailes capables de battre 500 fois par seconde, il peut se poser sur des surfaces pour prolonger ses phases d’écoute passive. Selon les chercheurs, ce robot volant est pensé pour des « missions spéciales » et de la « reconnaissance d’informations », y compris dans des milieux urbains fermés. Pilotable depuis un smartphone, il inaugure une nouvelle génération d’espionnage mobile.
Acteurs mondiaux engagés dans la course au micro-drone
La Chine n’est pas seule dans cette dynamique. Les États-Unis et la Norvège développent également des dispositifs comparables. À Harvard, le projet RoboBee a évolué vers un drone capable d’atterrir sans endommager ses composants sensibles. Le fabricant norvégien Teledyne FLIR Systems a livré plus de 33 000 unités de son Black Hornet, un nano-drone de 70 grammes utilisé par 45 armées, dont la France.
En France justement, l’Agence de l’innovation de défense finance le programme BIOFLY. Ce projet, piloté par l’Université d’Aix-Marseille et la TPE XTIM, vise à créer un drone biomimétique stabilisé, embarquant une caméra et adapté aux contraintes opérationnelles françaises.
Des limites techniques à surmonter
Malgré leurs performances, ces dispositifs font face à des limites. Leur autonomie reste réduite du fait de la miniaturisation extrême. Une surveillance continue impliquerait un déploiement rotatif de plusieurs unités, avec des contraintes logistiques fortes.
Les problèmes de stabilité en milieu venteux, de gestion thermique, et de guidage en intérieur restent aussi des obstacles. Toutefois, les progrès en intelligence artificielle et en électronique laissent entrevoir des capacités accrues à court terme.
Face à ces défis, les États développent des contre-mesures. Le Canada teste des technologies anti-drones, du brouillage aux armes à énergie dirigée. En France, un décret élargit les possibilités de neutralisation des drones menaçants, mais les préoccupations liées à la vie privée demeurent.