Les aspirateurs robots ont longtemps été confrontés à un problème récurrent : leur incapacité à gérer les petits objets laissés au sol. Câbles, textiles, jouets, cales de porte… même dans un environnement soigneusement préparé, il reste toujours quelque chose que l’utilisateur oublie de ramasser. Résultat : des objets traînés, déplacés, voire aspirés accidentellement.
Un phénomène désormais en voie de disparition. Avec l’intégration de bras robotisés capables de manipuler ces éléments, une nouvelle génération d’aspirateurs voit le jour. Et avec elle, une promesse : celle d’un nettoyage réellement autonome.
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L’aspirateur qui saisit, déplace et range
Le Roborock Saros Z70 est le premier modèle commercialisé à intégrer un bras robotique. Installé sur la partie supérieure de l’appareil, ce bras à cinq axes peut soulever des objets jusqu’à 300 grammes. Il est associé à un ensemble de capteurs, une caméra et un éclairage LED pour analyser l’environnement et identifier les objets avec précision.
La technologie embarquée repose sur deux modules clés. OmniGrip, pour la manipulation, et StarSight 2.0, qui remplace le traditionnel LiDAR par un système de reconnaissance capable d’identifier jusqu’à 108 types d’objets. Textiles légers, papiers froissés, chaussettes ou pantoufles : le robot distingue, saisit et agit.
Le fonctionnement reste globalement fidèle aux aspirateurs robots classiques, mais l’usage du bras nécessite une configuration spécifique. Deux options sont proposées via l’application : le dépôt automatique dans une petite poubelle intégrée, ou la définition manuelle de l’emplacement de rangement pour chaque type d’objet.
Une fois le système en place, le robot évalue s’il peut manipuler l’objet détecté. Si c’est le cas, il déploie le bras, le saisit, le transporte, le dépose, puis reprend le nettoyage au point d’interruption. Cette fonctionnalité s’applique efficacement à une gamme d’objets courants. Dans certains cas, des oublis ou des erreurs de manipulation peuvent survenir, mais Roborock assure que des mises à jour logicielles corrigeront ces points.
Sortie prévue pour fin 2025
Présenté au CES en parallèle du Saros Z70, le modèle concurrent de Dreame propose un bras plus large, capable de se déployer sur 30 centimètres et de soulever jusqu’à 400 grammes. L’envergure et la pince plus imposante suggèrent une orientation vers des tâches de manipulation plus complexes.
Le fabricant mise notamment sur des scénarios d’utilisation avancés. Le robot est capable, par exemple, de saisir une éponge ou une brosse pour intervenir sous un meuble ou dans un recoin inaccessible par aspiration. Aucune date officielle de commercialisation n’a encore été annoncée, mais une sortie est attendue d’ici la fin de l’année.
Des innovations qui dépassent les bras robotisés
L’ajout de bras articulés n’est qu’une facette des évolutions actuelles. Le SwitchBot K20+ Pro introduit une plateforme modulaire baptisée FusionPlatform, capable de transporter jusqu’à 8 kg. Grâce à ce système, l’appareil peut être transformé en caméra mobile, en purificateur d’air ambulant ou en module de livraison d’objets.
Chez Narwal, le modèle Flow innove avec le système FlowWash. Exit les serpillières rotatives classiques : un rouleau extensible assure un nettoyage en continu, alimenté par un double réservoir séparant l’eau propre de l’eau sale. Une technologie latérale, EdgeReach, permet en outre de nettoyer au plus près des plinthes.
Eufy mise sur la polyvalence avec le Clean E20. Son module détachable Flexione lui permet de se transformer en aspirateur balai ou à main. Il atteint une puissance de 30 000 Pa en mode balai, et 8 000 Pa en configuration robot, ce qui le rend adapté aux usages quotidiens comme aux besoins ponctuels.
Des robots capables de franchir des seuils
Roborock et Dreame explorent également d’autres formes de mobilité. Le Saros 10R et le Dreame X50, bien que dépourvus de bras, sont équipés de petites pattes qui se déploient automatiquement en présence d’un seuil ou d’un dénivelé. Elles permettent de franchir des hauteurs allant jusqu’à 4 centimètres pour le premier, 6 pour le second.
Ces mécanismes, s’ils ne permettent pas encore de gravir des escaliers, offrent une réponse efficace aux obstacles du quotidien : tapis épais, joints de carrelage ou seuils de porte ne bloquent plus la progression du robot.
Ces avancées s’inscrivent dans un contexte de croissance rapide du secteur. En France, les ventes d’aspirateurs robots ont progressé de 24,6 % en valeur en 2024. À l’échelle européenne, le marché était estimé à 1,65 milliard de dollars en 2024, avec des projections à 3,39 milliards à l’horizon 2032 (+9,4 % de croissance annuelle).
À l’échelle mondiale, les prévisions tablent sur une hausse de 3,25 à 5,4 milliards de dollars entre 2025 et 2029. Certains cabinets vont plus loin, anticipant un marché de près de 32 milliards de dollars en 2033.
Une recomposition du paysage concurrentiel
Autrefois dominé par iRobot et sa gamme Roomba, le marché est désormais structuré par l’émergence de nouveaux acteurs, principalement chinois. Xiaomi, Dreame, Roborock ou Lefant ne se contentent plus d’imiter les leaders historiques : ils les surpassent souvent en termes de fonctionnalités et d’innovation.
En 2022, Amazon avait envisagé le rachat d’iRobot, sans aboutir. Une tentative révélatrice de l’intérêt stratégique croissant pour ces technologies. Les experts du secteur s’accordent à dire que 2025 constitue une année charnière. La miniaturisation des puces électroniques et l’optimisation des batteries permettent d’intégrer toujours plus de capteurs sans sacrifier l’autonomie.