Locations de vacances en Corse : soyez vigilant
Parmi les arnaques les plus répandues sur l’île, celles liées aux locations saisonnières restent en tête. De nombreuses fausses annonces circulent chaque été sur des plateformes non vérifiées ou par le biais de sites frauduleux.
Le mécanisme est bien rodé : des escrocs récupèrent les photos de véritables biens en location, abaissent considérablement le prix affiché, et incitent les vacanciers à réserver en dehors des circuits sécurisés. Le site Rivierabudget, récemment bloqué par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), illustre ce phénomène. Il proposait, par exemple, un appartement à « Les Hauts de Cavanello » pour 94 euros la nuit, bien en dessous des prix pratiqués dans la région.
Pour éviter de tomber dans ce type de piège, plusieurs signaux doivent alerter : fautes d’orthographe récurrentes, demandes de paiement via des moyens non traçables (mandat cash, Transcash), ou encore refus de fournir des documents officiels comme une copie de la taxe foncière. L’usage exclusif de plateformes sécurisées est fortement recommandé.
Autre tendance inquiétante : les réclamations abusives formulées après le départ des locataires. Certains propriétaires réclament des indemnisations excessives pour des dégradations supposées, souvent sans preuve. Une seule méthode permet de s’en prémunir : réaliser un état des lieux contradictoire à l’arrivée, photos et vidéos à l’appui, et conserver toutes les communications écrites.
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Transport : des prix élevés, très élevés
Se rendre en Corse devient, pour de nombreux vacanciers, un luxe difficilement accessible. En pleine saison, un vol aller-retour entre Paris et Bastia peut atteindre 500 euros. Même les trajets maritimes affichent des tarifs dissuasifs, avec près de 100 euros pour une traversée sans véhicule.
Cette hausse constante pèse directement sur la fréquentation touristique. En 2023, la Corse a enregistré une baisse de 8,3 % du nombre de visiteurs, une tendance confirmée au premier semestre 2024. À Pâques et durant les ponts de mai, le taux de remplissage moyen des hébergements touristiques n’a pas dépassé les 60 %, selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Corse.
Les causes de cette inflation sont multiples. La politique de « désaisonnalisation » menée par l’exécutif corse a réduit l’offre estivale, dans l’espoir d’étaler la fréquentation sur l’année. Résultat : les prix grimpent en haute saison. S’ajoutent à cela une forte concentration de résidences secondaires – 29 % des logements insulaires selon l’Insee – et une concurrence insuffisante sur certaines lignes, tant aériennes que maritimes.
À cela s’ajoutent des pratiques peu scrupuleuses. Certaines compagnies aériennes tardent à rembourser les vols annulés, arguant de problèmes entre plateformes de réservation et transporteurs. Corsica Ferries, quant à elle, a récemment été condamnée à 48 000 euros d’amende pour des retards non indemnisés.
Une escroquerie récente, repérée sur Facebook, promettait six mois de trajets gratuits via une fausse carte « Via Corsica ». La Collectivité de Corse a formellement démenti cette opération et mis en garde contre la collecte frauduleuse de données personnelles.
Restaurants, marchés, commerces : des écarts de prix flagrants
Le coût de la vie en Corse dépasse en moyenne de 7 % celui de la métropole, un écart encore plus marqué dans les zones touristiques. Menus à rallonge dans cinq langues, rabatteurs trop insistants, additions salées : les dérives sont fréquentes.
Les prix peuvent varier de 30 à 40 % entre deux établissements distants de quelques rues. Pour un déjeuner, le budget moyen se situe autour de 25 euros, contre 32 euros pour un dîner complet. Les voyageurs avertis choisissent souvent les adresses recommandées par leur hébergeur ou les habitants, loin des circuits balisés.
Sur les marchés, la vigilance est de mise. Le saucisson d’âne, bien que largement mis en avant, ne constitue en rien une spécialité locale – et n’est bien souvent même pas produit sur l’île. Seuls 10 à 15 % des produits de charcuterie commercialisés sur les étals seraient réellement corses. Certains touristes rapportent des pratiques discutables : prix affichés différents de ceux exigés en caisse, tranches de viande séchée vendues à près de 10 euros pour une portion minimale.
Vols et escroqueries de rue en Corse
La gendarmerie de Corse a signalé une recrudescence des vols de cartes bancaires, notamment près des distributeurs automatiques. Le mode opératoire est connu : un individu distrait la victime pendant qu’un complice mémorise son code, avant de dérober la carte. Ces vols ciblent principalement les personnes seules ou âgées.
Autre arnaque récente : des faux procès-verbaux avec QR code, repérés à Corte. Ces documents, imitant les contraventions officielles, renvoient à des sites frauduleux demandant un règlement immédiat. La municipalité rappelle que les avis de contravention officiels n’incluent jamais de QR code.
Enfin, certains parents d’élèves ont été piégés par de faux sites promettant un accès anticipé aux listes de classes scolaires. Sous couvert d’une plateforme au design institutionnel, les escrocs collectent des données sensibles, puis redirigent les utilisateurs vers des interfaces de paiement.
Criminalité et tourisme : un lien structurel en Corse
L’attractivité touristique de la Corse ne passe pas inaperçue auprès des réseaux criminels. En avril 2024, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire contre plusieurs individus liés au « clan Federici ». Ils sont soupçonnés d’extorsion de fonds et de blanchiment dans le cadre de la prise de contrôle d’un village de vacances et d’une société de promenades maritimes en Haute-Corse.
L’île, longtemps marquée par une économie informelle, a vu ses équilibres bouleversés par l’essor touristique. La manne générée par ce secteur attire désormais des groupes structurés, capables de détourner des aides publiques ou de s’implanter dans les circuits légaux par des moyens coercitifs.
Nos recommandations
Pour deux semaines de vacances en Corse, un couple devra prévoir un budget adapté à son mode de vie :
- Petit budget : 2 399 € (hébergement économique, repas légers)
- Budget moyen : 5 130 € (hôtels deux à trois étoiles, restaurants)
- Budget élevé : 6 992 € (prestations haut de gamme)
Afin de réduire les coûts de transport, il est conseillé de réserver les billets plusieurs mois à l’avance, de comparer les compagnies, et d’éviter si possible les périodes de très haute saison. Des aides ou réductions pourraient voir le jour, comme une baisse de 30 % pour les voyageurs en provenance du continent, à l’étude pour 2025.
Enfin, privilégier les circuits courts, consommer local auprès de producteurs identifiés par des labels, et éviter les adresses trop visibles ou tapageuses permet souvent de vivre une expérience plus authentique – et plus économique.