Pourquoi le RCS va-t-il remplacer le SMS ?

Le SMS vit ses derniers jours : le RCS devient la norme en France. Compatibilité, sécurité, usage : le guide complet.

Conçu pour succéder aux SMS et MMS, le RCS, (« Rich Communication Services ») transforme en profondeur la manière dont les utilisateurs échangent par messagerie. Son adoption accélérée par les particuliers comme par les entreprises marque un tournant stratégique pour l’écosystème des télécoms.

A LIRE AUSSI
Le prochain smartphone… n’aura pas d’écran

Une nouvelle ère pour la messagerie mobile

Le RCS est un standard de communication développé par la GSMA, association internationale regroupant les principaux opérateurs mobiles. Son objectif est clair : remplacer deux technologies devenues obsolètes, le SMS, lancé en 1992, et le MMS, apparu en 2006.

Contrairement à ces formats limités, le RCS autorise des messages sans contrainte de longueur, l’envoi de photos et de vidéos en haute définition, de GIF animés, ainsi que la création de groupes de discussion et les appels vidéo collectifs. Il introduit également des indicateurs de réception et de lecture, absents des SMS classiques.

Un protocole sécurisé et vérifiable

Le RCS intègre désormais un chiffrement de bout en bout pour les échanges entre utilisateurs compatibles, notamment via l’application Google Messages sur Android. Cette protection repose sur le protocole MLS (Messaging Layer Security), qui permet une confidentialité persistante et une résistance aux futures menaces, y compris celles liées à l’informatique quantique. Depuis début 2025, ce chiffrement est devenu interopérable entre Android et iOS.

Le protocole comprend par ailleurs un système d’expéditeur vérifié, destiné à lutter contre les fraudes par SMS. Pour envoyer des messages via RCS, les entreprises doivent suivre un processus d’authentification rigoureux, créant un cadre plus fiable pour les échanges avec les clients.

Une alternative aux plateformes privées

À la différence des applications comme WhatsApp, Messenger ou Telegram, le RCS ne repose pas sur des serveurs privés ni sur des identifiants externes. Il est directement intégré aux smartphones compatibles, sans qu’il soit nécessaire d’installer une application supplémentaire. L’ambition est de proposer un canal universel, accessible dès l’activation du téléphone, sans collecte ou exploitation commerciale des données.

En l’espace de quelques mois, la diffusion du RCS en France a connu une accélération spectaculaire. Entre octobre 2024 et février 2025, le nombre de smartphones compatibles est passé de 28,3 à 38,1 millions d’appareils, soit une hausse de 35 % en moins de six mois. À ce rythme, la couverture pourrait atteindre 85 % du parc d’ici fin 2025.

Ce basculement s’explique principalement par l’intégration du RCS aux iPhones. Après SFR en septembre 2024, puis Bouygues Telecom et Free en décembre, Orange a finalement activé la fonction en mars 2025 avec la mise à jour iOS 18.4. Les quatre principaux opérateurs nationaux prennent désormais en charge le protocole.

Conditions d’accès et limites techniques

Quatre critères sont nécessaires pour utiliser le RCS : un smartphone compatible (Android 5.0 ou supérieur, iPhone XR ou plus récent), un opérateur prenant en charge la technologie, un forfait 4G ou 5G avec une enveloppe data (ou une connexion Wi-Fi), et une application de messagerie compatible — généralement préinstallée.

À défaut de l’un de ces éléments, les messages basculent automatiquement en SMS ou MMS. Le RCS, reposant sur une connexion Internet, consomme des données. À l’étranger, une vigilance accrue s’impose sur la consommation hors forfait.

Chez les opérateurs alternatifs (MVNO), la prise en charge reste inégale début 2025. Seuls Sosh, YouPrice (Android uniquement), La Poste Mobile et Lebara le proposent. D’autres, comme NRJ Mobile, Cdiscount Mobile ou Syma, ne l’ont pas encore intégré, ce qui freine son adoption auprès d’une partie des usagers.

Des entreprises séduites par ses performances

Le RCS attire de plus en plus d’acteurs économiques, notamment dans le secteur du marketing digital. Il permet d’enrichir les messages promotionnels de contenus interactifs : QR codes, bons de commande, vidéos, liens géolocalisés, voire systèmes de paiement. Le tout sans nécessiter le téléchargement d’une application tierce.

Les statistiques sont sans appel : les messages RCS auraient 35 fois plus de chances d’être lus que les e-mails. Le retour sur investissement d’une campagne RCS serait en moyenne 1 633 % supérieur à celui des méthodes traditionnelles.

Entre mars 2024 et février 2025, 267 marques françaises ont lancé des campagnes via RCS, soit une hausse de 55 %. Le taux d’ouverture atteint en moyenne 80 %. Trois secteurs concentrent l’essentiel de cette activité : le commerce de détail (35 %), les services (33 %) et la banque-assurance (8 %). Pour 60 % des entreprises utilisatrices, l’impact sur la relation client est jugé « extrêmement positif ».

Le marché du RCS Business Messaging, estimé à 1,8 milliard de livres en 2024, pourrait atteindre 8,7 milliards d’ici 2029, selon les projections. Orange a récemment signé un partenariat stratégique avec Twilio pour renforcer l’adoption du RCS par les marques françaises. Trois entreprises sur quatre prévoient d’y investir en 2025.

Nouvelles opportunités, nouvelles menaces

L’essor du RCS crée aussi de nouveaux risques. L’Office fédéral suisse de la cybersécurité a signalé une recrudescence des tentatives de fraude via RCS ou iMessage. Ces protocoles, encore peu filtrés par les systèmes anti-spam classiques, permettent à certains escrocs de contourner les barrières existantes.


Réagissez à cet article